Joseph Morrin a profondément influencé l’exercice de la médecine à Québec et au Canada français en général. Encore aujourd’hui à Québec il existe un collège anglophone qui porte son nom. Né en Écosse, en 1794, il avait immigré dans notre ville avec ses parents. Puis fit son apprentissage de la médecine comme stagiaire auprès du docteur James Cockburn, qui exerçait alors à Québec. La ville était un port fort achalandé et accueillait bon an mal an environ 50 000 immigrants en provenance d’Europe, en particulier l’Irlande, l’Écosse, l’Allemagne. Plusieurs arrivaient malades. De plus Québec était une ville de militaires, avec sa garnison. On avait bien besoin de chirurgiens. Joseph Morrin fut sélectionné en 1812, pendant les guerres napoléoniennes, pour agir comme chirurgien accompagnateur auprès de soldats blessés que l’on ramenait vers Portsmouth, en Angleterre. Une fois rendu là, il s’inscrivit au London Hospital comme étudiant, puis brièvement en Écosse.
À son retour à Québec, en 1814, il commença à pratiquer la médecine en partenariat avec son mentor, le Dr Cockburn. En 1819 il ouvrait dans le bas de la ville un hôpital pour les matelots. Il s’impliqua grandement dans la communauté, participa activement à la création de la Société médicale de Québec, dont il deviendra le premier président. En 1830, au moment de l’éclosion de l’épidémie de choléra qui allait faire des milliers de victimes, il contribua à la création de l’Hôpital de la Marine dont la mission était justement le traitement et la prévention des épidémies. Il milita haut et fort pour que la profession de médecin soit encadrée et reconnue. Il figura parmi les fondateurs de l’École de médecine de Québec, qui ouvrit ses portes en 1848. De plus, le Dr Morrin servit pour deux mandats comme maire de Québec, le premier maire élu au suffrage des électeurs et non uniquement désigné par les autorités militaires. C’est dire la notoriété et l’autorité morale qu’on lui reconnaissait. Mais surtout, il institua à l’intention de la Faculté de médecine un fonds, qu’il finança personnellement et grâce auquel un prix pourrait être attribué chaque année à un étudiant particulièrement doué.