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98 – Les racines oubliées

Du connu vers l’inconnu. Dans la quête de ses racines, on s’attarde d’abord spontanément à ceux que l’on a côtoyés et qui nous sont familiers. La manne est généralement abondante, pour peu que l’on déploie un minimum d’efforts. Et la recherche, somme toute, aisée. Mais notre instinct nous dicte de ne pas nous arrêter là. Notre curiosité est piquée. Délaissant momentanément ceux qu’on a bien connus, notre attention se porte alors sur ceux dont on a déjà, sinon vaguement, entendu parler, à la faveur de conversations ou de confidences, glanées au cours des années. Sans que jamais nous ne les ayons connus. Ce sont en quelque sorte des personnages familiaux, dans la mesure où ils figurent dans notre patrimoine familial, mais pas familiers.

Qui étaient-ils? Ont-ils laissé des traces? A-t-on gardé des photographies d’eux? Se sont-ils illustrés de quelque façon? Possédaient-ils des traits de caractère particuliers? Des particularités physiques? Il n’est pas toujours aisé de le déterminer. À force de déployer des énergies, des renseignements finissent néanmoins par émerger, des anecdotes surgissent, quelques secrets même, et les contours petit à petit se précisent. L’opacité tranquillement commence à se résorber. Des liens entre des événements, entre des êtres, se créent. Les ombres deviennent des silhouettes qui, malheureusement, ne font pas toujours beaucoup d’ombre!

9800Qui trop embrasse mal étreint! Mais cette entreprise-là a aussi ses limites. On ne sait plus trop ce que l’on cherche, mais on continue de forer! Or, comme la progression dans les méandres de notre arbre croît de façon exponentielle à chaque génération, la masse de personnes à embrasser devient impressionnante! On perd littéralement le fil! Bien malgré soi on doit faire des choix, abandonner des pistes, restreindre ses appétits. Bref, cautériser certaines veines qui s’annonçaient pourtant prometteuses. Des sentiments contradictoires nous animent. On vit des deuils. La faim, pourtant, nous tenaille tout autant!

Enfin, l’illumination et la lumière au bout du tunnel. Mais on n’est pas au bout de ses peines! Vient un moment dans sa quête où, tel un aventurier, on doit pénétrer dans des territoires aucunement familiers, creuser des puits profonds, à la recherche de quoi? On ne le sait trop! Des repères, des indices. Du sens. Comme de regarder l’horizon à perte de vue sans voir une seule trace de poussière se soulever. À l’aveugle. On part à l’aventure, sans trop savoir où la chose nous mènera. On est alors à la merci du hasard. Que de frustrations! Or c’est alors à ce moment-là que surgit l’illumination : On tombe sur des pans entiers de notre ascendance dont personne ne nous avait jamais parlé et pour cause : la mémoire collective, reptilienne même, de la famille les avait oubliés, sinon occultés. Comme d’ouvrir une crypte dans laquelle personne n’a jamais pénétré.

À se chercher, on finit par trouver les autres. À chercher les autres, on finit par se trouver.

Voici un puits secret, souterrain, dont la découverte m’a révélé le sens d’une partie de ce qui coule en moi et finira par me mener à Natchez, au Mississippi, jusqu’à cette petite fille aux allumettes dont tante Élizabeth parlait avec émotion : Mary-Ann O’Neill, mon arrière- grand-mère paternelle.

Mais il faudra démontrer de la patience. Rien de linéaire dans ce périple. Les détours seront nombreux.

99 - Trois petites Dorionne

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