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90 – Le jeune Urbain, un élève studieux

9001aLes ambitions de ma grand-mère Mathilde à l’égard de ses trois fils.
Ma grand-mère Mathilde entretenait de grandes ambitions pour ses fils. En 1918, elle inscrivit Urbain, mon père, au Petit Séminaire de Québec. Puis, l’année suivante, Lucien. Finalement ce fut au tour de David en 1920 de joindre ses deux frères. Jusqu’en 1923-1924 inclusivement elle dut acquitter la scolarité de ses trois fils! Elle décida que l’aîné, mon père, deviendrait médecin, que le second serait notaire et le troisième avocat. Ce qui fut effectivement le cas. La chose ne se discutait pas. Je l’ai appris de la bouche même de mon père. Il aurait préféré devenir journaliste parce qu’il aimait écrire.

On rogne sur tout et on marche beaucoup! Pour économiser sur les frais qu’une telle entreprise entraînait, Mathilde avait loué une chambre, à proximité du Petit Séminaire, où les trois garçons se réfugiaient chaque midi pour consommer le repas qu’elle leur avait préparé, et mis dans leur serviette d’école. Mais ce n’est pas tout : le tramway électrique ne venait pas jusqu’au village de Charlesbourg. Les trois garçons devaient marcher environ deux milles et demi le matin, et autant le soir, pour se rendre au tram et en revenir. Par tous les temps. Hiver comme été. Mon père m’en parlait parfois, si je le relançais sur le sujet, tant j’étais impressionnée par la rigueur du régime auquel il avait été astreint comme enfant et comme adolescent. Et bien évidemment, tante Élizabeth venait d’être embauchée par oncle Ferdinand Verret, ce qui permettait de joindre les deux bouts.

Urbain, mon père, un enfant studieux… Inutile de préciser que l’excellence scolaire était un must, qui ne devait jamais se démentir. Aurait-il pu en être autrement, considérant l’investissement des uns et des autres dans l’atteinte des objectifs qu’avait fixés Mathilde?

9002aJ’ai retrouvé trois cartes que papa avait adressées à ses parents à l’occasion du temps des Fêtes. La première n’est pas datée. Elle est écrite d’une main studieuse mais malhabile où on devine la difficulté pour un enfant à manipuler des plumes qui n’étaient pas « fontaine » mais que l’on devait tremper dans l’encrier en prenant garde de ne pas trop en mettre sur la pointe! Il a roulé les lettres laborieusement. Le texte est sans fautes, sauf une, et sans ratures, ce qui laisse à penser qu’il s’agit d’un travail scolaire. Elle n’est pas datée. Il signe : « Recevez pour étrennes mes Chers parents les gros baiser (sic) de votre petit Urbain ».

… et reconnaissant… vraiment? Les deux autres, signées également de sa main et rédigées sur des cartes dont la première page est richement décorée et découpée sur les bords comme de la fine dentelle, portent la même date : le premier janvier 1914. Il dut se tromper pour une des dates, car bien qu’elles soient toutes les deux signées Urbain, la calligraphie de l’une est carrément plus enfantine que l’autre. La pression familiale pour la réussite scolaire est cependant inchangée : « Je voudrais pouvoir vous témoigner ma reconnaissance autrement que par des paroles. Cependant, je sais un moyen qui vous sera très agréable. C’est de bien profiter de toutes vos bontés pour moi, surtout en m’appliquant bien dans mes études. Si je n’ai pas toujours été bien fidèle, je veux essayer cette année de vous faire oublier mes négligences passées. »

« Je veux vous dédommager de tout ce que vous faites pour moi en vous étant plus docile et plus soumis et en m’appliquant à bien profiter des leçons que l’on me donne à l’école. (…) Aussi, comme je serais content, chers parents, si vous pouviez m’aider à me réveiller un peu plus tôt le matin, pour que je puisse aller lui demander ses grâces en assistant à la messe et en communiant le plus souvent possible. »   Source : Archives personnelles

Ouf! L’effort ne semblait pas se relâcher. Et l’église était à une bonne demi-heure de marche!
91 - Papa rafle tous les prix

 

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