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78 – Les dédales d’un patrimoine à partager

7803Mes arrière-grands-parents paternels, Joseph-Urbain et Olivette Bédard, avaient eu quatre filles et six garçons, dont nous avons esquissé l’itinéraire de vie (voir chapitres 61 à 77). Que leur léguèrent-ils? Tel sera l’objet des trois prochains chapitres du blogue.

Les dernières volontés d’Olivette et de Joseph-Urbain Bédard. Joseph-Urbain Bédard, père de Joseph-Arthur, décédera en 1899, deux ans avant le mariage de Joseph-Arthur et de Mathilde, mes grands-parents.  Sa femme, Olivette, elle, était décédée quinze ans auparavant, le 31 août 1884. Quelques jours avant la mort de celle-ci, soit le 22 et 23 juillet, chacun des deux époux avait rédigé son testament devant le notaire Delâge.

Ces documents sont conservés sur micro films et peuvent être consultés à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), comme tous les actes passés devant notaire, d’ailleurs. Le Québec est à cet égard un paradis pour les chercheurs en matière de généalogie tant les registres ont été correctement tenus et bien conservés.

Un large patrimoine… Il s’agissait de disposer du vaste patrimoine terrien qui était le leur. Un patrimoine dont ils avaient hérité de leurs parents respectifs et qui remontait aux premières concessions allouées dans la seigneurie Notre-Dame-des-Anges puisque les  Bédard y figurent parmi les familles que l’on qualifie de  « premiers concessionnaires ».

De 1733 à 1873 environ, les Bédard accroîtront considérablement leurs possessions terriennes, à la faveur de nombreuses transactions. Mais, fait à noter, ils ne conserveront pas les terrains des pionniers de leur famille, soit celui d’Isaac dans la Petite Auvergne et celui de Jacques au Trait-Carré.

aux méandres nombreux! Pas toujours facile de s’y retrouver dans le dédale de ces transactions entre Bédard de la même « branche » et Bédard d’autres lignées, mais également entre Bédard et d’autres familles fondatrices de Charlesbourg!

L’apprenti chercheur s’y perd dans les méandres des achats, échanges, ventes! D’autant que la tradition de l’époque est d’utiliser les mêmes prénoms de génération en génération. On constate par exemple que le père d’Olivette s’appelait Jean-Baptiste Bédard et que le père de Joseph-Urbain s’appelait lui aussi Jean-Baptiste Bédard… ainsi que le père de ce dernier! Un beau casse-tête! Le ministère des Affaires culturelles qualifiera le territoire de la « branche Bédard » à laquelle j’appartiens d’ « immense »,  lorsque qu’en 1977 la maison ancestrale des Bédard sera reconnue d’intérêt patrimonial.  Le qualificatif est-il trop généreux? Sans doute…

D’un point de vue sociologique, mes arrière-grands-parents paternels n’étaient ni de grand-bourgeois ni des notables non plus que des financiers.  Des gens simples, agriculteurs depuis des générations, économes et à l’aise, et dont certains des enfants progressaient vers les professions libérales. Et qui disposaient de nombreuses terres, toutes situées à Charlesbourg, Gros-Pin, Bourg-Royal et Orsainville dans la seigneurie Notre-Dame-des-Anges.

Mais en étaient-ils réellement propriétaires? Pour trouver réponse à cette question, j’ai dû m’attarder à mieux comprendre ce qu’était le régime seigneurial. Je vous invite donc à consulter la page web intitulée : Régime seigneurial 101

Legs et donations, deux véhicules juridiques distincts. Les décisions que prendront Olivette et Joseph-Urbain pour disposer de leurs biens sont un amalgame de legs et de donations. Une donation est un acte juridique par lequel un donateur se dépouille d’un bien au profit d’un bénéficiaire, avec prise d’effet en général immédiate, du vivant du donateur. On parle d’ailleurs de donation entre « vifs ».  Une donation est irrévocable.

Un legs, en revanche, prendra effet après le décès du testateur, lequel pourrait toujours au fil des années changer d’idée et modifier ses dernières volontés.

Il s’agit ainsi de deux véhicules juridiques distincts, qui répondent à des finalités différentes.

Les us et coutumes de l’époque. Il n’était pas rare à l’époque que les biens d’un couple, quand il décédait, soient léguée au fils aîné et à lui seul. Les fils cadets en étaient quittes pour chercher fortune ailleurs. Quant aux filles, elles faisaient en quelque sorte partie des meubles! Tant mieux pour elles si elles étaient mariées, donc prises en charge par leur mari, après le versement d’une dot qui ne comprenait en général que le trousseau traditionnel composé notamment d’un lit garni, d’une vache et de quelques broderies.

Il en alla autrement avec Olivette et Joseph-Urbain. Si on fait abstraction  des filles, ils procédèrent à une répartition de leurs nombreuses terres entre leurs fils, par voie de donations ou de legs.

Joseph-Arthur, avantagé. Mais ultimement celui qui récoltera le plus, après de nombreuses circonvolutions,  sera Joseph-Arthur, mon grand-père. Tante Lizette me fera un jour un commentaire sibyllin au sujet de l’aisance matérielle de ses parents, au début de leur mariage, qui contrastait avec les moyens limités de quelques-uns des membres de la famille, dont certains revinrent bredouille des États-Unis où ils étaient allés chercher fortune, mais sans succès : «  Cela créa des tensions dans la famille Bédard. »

Ferdinand Verret émettra lui aussi un commentaire au sujet de la bonne fortune de Joseph-Arthur, mais sans en divulguer le fondement : «  C’est lui qui hérita des biens paternels. » (Journal, le 28 octobre 1941)

Pourquoi en fut-il ainsi? Était-ce parce que Joseph-Arthur s’était montré particulièrement loyal à l’endroit de ses parents? Parce que des rivalités internes avaient divisé les membres de la famille et qu’il en était ressorti gagnant? Mystère. Ceux qui auraient pu nous éclairer à cet égard ne sont plus des nôtres pour en témoigner.
79 - Le souci d’un partage équitable

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