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67 – Elzéar Bédard, président fondateur de la Caisse populaire de Charlesbourg

Elzéar, discret et effacé. Elzéar Bédard avait été baptisé le 17 juillet 1854, à Charlesbourg. Journalier, donc ayant vraisemblablement fait peu d’études, il deviendra néanmoins président de la Caisse populaire de Charlesbourg, lors de la fondation de celle-ci, le 25 mai 1911. On se rappellera que Cléophas, son frère (voir chapitre 64), sera également du premier c.a. mais comme gérant de la Caisse populaire.

On en sait peu sur Elzéar. La récolte est mince! Heureusement son petit-fils, Georges-Henri Bédard (voir chapitre 58) lèvera le voile sur la vie de cette homme travaillant et intègre, mais sans doute effacé, dans l’ouvrage Biographies et histoire des gens de Charlesbourg, déjà cité.

6701Elzéar émigre à Duluth, au Minnesota. Dans les années 1880, Elzéar partit chercher fortune aux États-Unis, à Duluth, au Minnesota. Il travaillait au chantier maritime. Il ne roulait pas sur l’or et jouait du violon dans les veillées pour arrondir ses fins de mois. Un autre Bédard qui faisait de la musique!

Il revient au pays pour épouser une fille de Charlesbourg. Toujours selon Georges-Henri, Elzéar écrivit un jour à sa cousine Léontine Renaud et sans autres préliminaires la demanda en mariage. Il revint à Charlesbourg pour la noce, qui fut célébrée le 2 mai 1892. Là encore, comme ils étaient eux aussi cousins aux deuxième et troisième degrés de consanguinité, ils durent obtenir une dispense. Leur photo de mariage a été préservée. Tous les deux sont sérieux, vêtus de noir. II est assis, bel homme aux traits fins, pourvu d’une abondante moustache mais le cheveu qui se fait rare. Elle, se tient debout, une main posée sur le dossier de la chaise sur laquelle Elzéar a pris place. L’autre main de Léontine est libre, une main dont on devine qu’elle a l’habitude des durs labeurs. C’est une jolie femme, mince, aux cheveux foncés qu’elle porte relevés, mais sans ostentation.

Une fois le mariage célébré, le jeune couple regagna Duluth, où leurs deux plus jeunes enfants, Albert et Léontine, virent le jour. Puis retour définitif à Charlesbourg, en 1896, d’où le couple ne bougera plus.

La loi Mercier pour honorer les familles nombreuses. Seize enfants virent le jour entre 1897 et 1915, soit sur une période de vingt ans. Le mariage d’Elzéar et de Léontine survint au moment même où le gouvernement du premier-ministre Honoré Mercier venait de faire adopter, en 1891, l’Acte portant privilège aux pères ou mères de famille ayant douze enfants vivants. Cette loi accordait gratuitement cent acres de terres publiques aux parents de douze enfants vivants nés en légitime mariage. La loi fut amendée en 1904 et une clause portant sur la possibilité de toucher une prime de $ 50 en lieu et place de l’allocation d’une terre y fut introduite. Ce qui équivaudrait en dollars d’aujourd’hui à un maigre $ 900. Malgré son faux de fécondité significatif, la famille d’Elzéar ne fut pas du nombre des six familles de Charlesbourg qui bénéficièrent de la loi Mercier, sans doute à cause de son « exil », bien que non définitif, aux États-Unis. En effet les aînés des enfants du couple étaient citoyens américains, dont le père de Georges-Henri.

6702Ce dernier nous indique que les enfants nés de cette union étaient « tous en bonne santé et sans tare aucune ». Il dut y en avoir, dans d’autres « branches » de la famille, qui n’eurent pas cette chance, à en juger par le nombre d’alliances entre cousins que compte la famille Bédard!

Président fondateur de la Caisse populaire de Charlesbourg. Elzéar occupa la fonction de président de la Caisse populaire de Charlesbourg, lors de la création de celle-ci, grâce au coup de pouce que lui donna son beau-frère, Ferdinand Verret. (voir Journal, le 30 avril 1921) . Il figure sur la photo officielle du conseil d’administration, prise le 25 mai 1911, tout comme son frère Cléophas qui siégait, lui, à titre de gérant de la Caisse. On ne sait comment il s’acquitta de son mandat. Mais, à défaut d’en savoir davantage sur ses réalisations, force est de reconnaître qu’on ne l’aurait pas retenu pour occuper de telles fonctions s’il avait été incapable de les assumer, peu apprécié de ses pairs ou, pire, malhonnête.

Le témoignage de Ferdinand Verret. Elzéar décède à Charlesbourg, le 30 avril 1921, à l’âge de 67 ans. Ses funérailles sont célébrées le 2 mai. La cause de son décès n’est pas mentionnée. Ferdinand Verret, qui est son beau-frère puisque Lucie, sa femme, est la sœur d’Elzéar,  lui rend un hommage senti, mais sobre, à l’image de l’homme : « Les amis nous quittent! Un autre membre de la famille vient de partir. Elzéar Urbain Bédard est mort ce matin à l’âge de 67 ans. Il laisse sa femme et quinze enfants. (…).  Commencant(sic) pauvre, par son travail et son économie il a pu élever cette nombreuse famille… Qu’il repose en paix » ( Journal de Ferdinand Verret, le 30 avril 1921). Il existe une rue Elzéar-Bédard dans la paroisse Saint-Malo. Elle est dédiée à un autre Elzéar que le « mien », qui s’illustra lui aussi en politique municipale, mais à Québec même.

D’Elzéar à Albert, son fils : le même goût pour la musique! On en sait davantage sur Albert, fils aîné d’Elzéar, que sur ce dernier, grâce au témoignage de Georges-Henri, fils d’Albert et petit-fils de l’autre. Celui-ci dresse un portrait touchant de son père, qu’il décrit comme aimant, travaillant, préoccupé du bien-être de sa famille et de ses proches. Et bien évidemment musicien dans l’âme!

Non seulement Albert avait enregistré un disque (voir chapitre 58– Les racines séfarades et juives des Bédard), mais il chantait également les trois messes du matin pendant le carême à la chapelle des Sœurs-Saint-Louis-de Gonzague, située place d’Youville. Et chantait également fréquemment la messe à l’église du quartier Jacques-Cartier, où il habita pendant plusieurs années avec sa famille. Pour ce faire, il se levait à 4 h 30! Une fois la messe chantée, il marchait à pied jusqu’à l’édifice du Parlement, où il travaillait. J’ignore quelles étaient ses attributions.

6703Eugénie Martel, femme d’Albert : une couturière hors pair. La femme d’Albert, donc mère de Georges-Henri, s’appelait Eugénie Martel. C’était une couturière hors pair.  Le couple d’était installé à Charlesbourg, dans les années 1930, sur ce qui est aujourd’hui le boulevard Henri-Bourassa, à la hauteur de la 66ième rue. Madame Albert, comme on l’appelait, faisait non seulement des altérations mais réalisait également de fort belles pièces de vêtements.

Je me souviens fort bien m’être rendue chez elle, en compagnie de ma mère. Nous entrions par la porte de côté, qui menait à sa cuisine. Madame Albert était menue, petite et douce. Quand j’avais environ quatorze ans, ma mère lui fit réaliser à mon intention un manteau d’hiver. Brun, à col de castor, utilitaire et chaud! À l’époque, on devait encore porter manteau et chapeau pour assister à la messe du dimanche! Je détestais carrément ce manteau… tout en aimant beaucoup madame Albert!

6704D’Albert à Georges-Henri : la tradition se poursuit… avec en sus la phobie des aiguilles! Nous échangions assez souvent avec Georges-Henri quand j’étais jeune. Non seulement était-il le cousin de mon père, mais il avait de plus épousé Georgette, la fille de nos voisins d’en face, monsieur Cyrille Pouliot et sa femme, née Irène Olga Baker. On aperçoit la maison des Pouliot au chapitre 24 – Des enfants bien habillés (voir la photo d’Édith en habit de neige).

6705Monsieur Pouliot était un pilote à la retraite. Il lui manquait une jambe ce qui, je l’avoue, me créait un certain malaise. Quand j’étais enfant, je jouais avec une des petites-filles du couple, Claire Truchon, qui était un peu plus jeune que moi. Claire était la fille d’Irène, mariée à Rolland Truchon. Le papa de Claire était photographe professionnel, à Montréal. Lors d’une visite à Québec, il avait réalisé quelques photos de ma petite personne, que j’ai conservées.

Un souvenir craquant m’est resté de Georges-Henri, un bel homme à l’abondante chevelure noire. Musicien dans l’âme, il dirigea la fanfare de Charlesbourg pour un temps. Le même style qu’oncle Tonio (chapitre 14 – Les étés à Black Lake). Immanquablement agréable, charmant et affable. Toujours est-il qu’un jour il avait pris rendez-vous avec mon père pour se faire administrer un quelconque vaccin. J’ai été témoin de la scène, qui s’est déroulée dans notre living-room. Lorsque mon père a sorti le flacon d’éther puis la seringue de sa trousse noire Georges-Henri qui, jusque-là avait discouru de choses et d’autres, s’est affaissé sur le tapis, victime d’un malaise! Sa phobie des aiguilles l’avait terrassé! Ainsi, je n’étais pas la seule à éprouver une peur panique quand mon père déballait son kit de docteur!

68 - Éphraïm Bédard ou la transition vers les professions libérales
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