Alphonse s’impliquera jusqu’à sa mort dans le mouvement des zouaves pontificaux. Un chroniqueur de l’époque note qu’Alphonse était demeuré un grand gaillard, bien fait, et qui portait le costume des zouaves avec prestance et fierté à chaque occasion qui se présentait. Il était de tous les défilés, de toutes les processions, insistant pour agir comme porteur du drapeau du mouvement tant qu’il eut la force pour le faire.
Élevé aux plus hauts honneurs. Son dévouement lui vaudra les plus grands honneurs du Saint-Siège. Il obtint d’abord le privilège d’être, ainsi que les membres de sa famille habitant sous le même toit que lui, dispensé jusqu’à sa mort du jeûne prolongé pendant le carême (7 jours seulement au lieu des 40 statutaires). Mais ce n’est pas tout : Le 28 mai 1908, il sera fait Chevalier de l’Ordre de Saint-Grégoire le Grand, Classe militaire, par le Pape Pie X. Son service en Europe comme zouave lui avait déjà valu la médaille « Bene Merenti » en 1873. En 1891, Léon XIII lui avait fait remettre la décoration de la « Noble Association des Chevaliers Pontificaux ». Puis, en 1902, ce fut la « Médaille de long service ». Finalement, le 23 septembre 1908, il fut décoré de l’ « Ordre de la Noblesse Rurale, anciennes familles canadiennes ». Sergent porte drapeau en 1902, il fut promu Lieutenant porte drapeau en 1915 et Major en 1921.
Funérailles somptueuses. On disait d’Alphonse qu’il était un des cultivateurs les plus décorés de la paroisse de Charlesbourg. Ses funérailles furent célébrées en grande pompe, à Charlesbourg, le 27 décembre 1929. Il eut droit à tous les honneurs et aux funérailles dont il avait toujours rêvé. Son cercueil fut porté à l’église par six jeunes zouaves de Charlesbourg, le cortège composé d’une escouade composée de 30 à 40 zouaves de Québec et présidée par le chef colonel des zouaves, Jules Dorion, accompagné des principaux officiers, ou colonels, de l’ordre à Québec. Au-delà du plaisir, céleste, que ce faste dut procurer à mon grand-oncle, force est de reconnaître qu’on y voit la manifestation de la présence indéniable de ce mouvement dans la petite société traditionnaliste de Québec et de Charlesbourg.
Étrangement, je n’ai pu retracer de photo des funérailles d’Alphonse, dont on nous dit pourtant qu’il était très connu comme zouave. Ce n’est pas faute d’avoir cherché! Le musée de l’Amérique française, qui est dépositaire des archives des zouaves, n’a pas terminé de dépouiller l’entièreté des documents qui lui ont été cédés. Peut-être la photo d’Alphonse fera-elle surface à un moment donné…
Je me souviens des défilés de zouaves de mon enfance. Les défilés de zouaves, vêtus de leur costume gris ornés de rubans rouges et du casque si particuliers, impressionnaient toujours. J’ai souvenir d’avoir assisté à la procession des zouaves à Charlesbourg en compagnie de mon père quand j’avais quatre ou cinq ans. Il me semblait que leurs costumes, gris et rouges, devaient piquer la peau, car ils semblaient faits de laine rugueuse!