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57 – Les racines huguenotes des Bédard

57011660. Mais d’où venait Isaac et surtout d’où venaient ses ancêtres? Quelle était leur appartenance religieuse?

Des racines huguenotes attestées. Nous savons qu’Isaac Bédard et sa femme Marie Girard étaient tous deux huguenots,  nés de parents huguenots. Des registres d’état civil d’un village du nom de La Tremblade, situé à une trentaine de kilomètres de La Rochelle, contiennent des renseignements sur un dénommé Jacques Bédard, père de notre Isaac, ainsi que sur le père de ce Jacques, prénommé Isaac. Celui-ci était marié à une certaine Jahel Ruilleau, dont il eut six enfants, tous baptisés au temple protestant d’Arvert, situé à proximité.

Si on recule plus loin dans le temps, en 1460,  le nom de famille Bédard est mentionné dans les registres de Royan, en Charente Maritime ( Saint-Onge) dans le sud ouest de la France. En 1530 un certain Jehan Bedard y est inscrit dans les recensements et qualifié de « chef de famille ». Au cours des deux cents ans qui suivront, les Bédard se rapprocheront progressivement de La Rochelle, qui n’est qu’à 60 kilomètres. On doit donc parler d’un lent déplacement, et non d’une émigration. Entre 1530 et 1593 les Bédard poursuivront leur lent périple vers Fontbedeault, puis Taupignac, puis Arvert. Et finalement La Tremblade où ils résideront juste avant de transiter par La Rochelle, après un court détour par l’Île de Ré.

Quant à Isaac Bédard et à sa femme, Marie Girard, qui émigreront en Nouvelle-France, nous  savons qu’ils étaient encore de confession protestante au moment de leur mariage, qui fut célébré au temple de La Rochelle par le pasteur Flanc, le 20 mars 1644, tel que l’indiquent les registres protestant de cette ville.  Le couple produisit sept enfants, tous baptisés au temple calviniste : Jacques, François, Pierre, Richard, Isaac, Louis et Anne. Ils moururent tous en bas âge, à l’exception de Jacques et de Louis.

Persécutions contre les protestants. La Rochelle avait été pendant longtemps majoritairement habitée par des protestants. L’édit de Nantes signé par Henri IV en 1598, reconnaissait aux protestants la liberté de culte. Mais après un siège particulièrement sanglant de huit mois, dans les années 1628 et 1629,  et la prise de la ville par les troupes du cardinal Richelieu, la donne changea radicalement et les restrictions devinrent de plus en plus sévères. Par exemple, selon ce qu’explique Luce Jean Haffner dans la première partie de son livre consacré à la généalogie de la famille Jean, et intitulé Les quatre frères Jean, de La Rochelle à Québec (Sillery, Septentrion, 1989, 206 pages), les protestants étaient dorénavant théoriquement exclus de l’entrée dans les arts et métiers. Or Isaac Bédard et ses deux fils exerçaient le métier de charpentier. Elle ajoute qu’en 1648 tout protestant qui n’était pas domicilié à La Rochelle avant 1625 reçut l’ordre de quitter la ville. Les Bédard auraient eu le droit, théoriquement, d’y demeurer. Mais le climat était devenu vraisemblablement difficile. Selon Alain Bédard (op.cit , déjà cité au chapitre 56), le père d’Isaac, Jacques, fut même fait prisonnier et conduit hors de la ville par les catholiques.

5702Abjurer le protestantisme ou partir… D’ailleurs à compter de 1660 les restrictions à l’édit de Nantes devinrent  de plus en plus contraignantes. Les catholiques redoublèrent d’ardeur dans leurs velléités de forcer les conversions des huguenots, souvent par la force. Le dictionnaire Petit Robert 2 des noms propres et des noms de lieu évalue à 200 000 le nombre de protestants (officiers, industriels, commerçants, artisans et agriculteurs) résidents du royaume de France qui s’expatrièrent et émigrèrent, surtout vers la Prusse et la Hollande. Ils en gardèrent une animosité envers la France qui ne se démentit pas au cours des siècles qui suivirent (Petit Robert 2 des noms propres et des noms de lieu, Paris, S.E. P.R.E.T., 1975, 1992 pages, voir à la rubrique : Nantes). 

Les motifs d’abjurer la foi protestante afin de conserver le droit de rester à La Rochelle ne manquaient pas. On pouvait également décider de partir. Ou de faire les deux.

Isaac abjure… et décide de s’exiler! Le  2 avril 1660, selon les documents conservés aux Archives départementales de La Rochelle, la famille abjurait le protestantisme parce qu’il était devenu de plus en plus difficile pour les protestants d’exercer leur métier sans subir de représailles et de harcèlements divers, incluant la mort.  

Puis Isaac et son fils s’embarquèrent sur un des bateaux affrétés par de riches marchands de Bordeaux et qui partaient, justement, de La Rochelle.  En direction de la Nouvelle-France.

De protestants à catholiques dévoué. Les Bédard se comportèrent dès le début de leur installation en Nouvelle-France comme de dévoués catholiques. Jacques, le fils, qui était né à La Rochelle le 15 décembre 1644 et avait été baptisé au temple calviniste de La Villeneuve le 18 décembre, tout comme sa future épouse Élizabeth Doucinet, sera confirmé à Québec dans la foi catholique le premier mai 1662. Il  deviendra plus tard le premier marguillier de la paroisse catholique de Charlesbourg!

On nous dit également que l’acte que signa Isaac sur son lit de mort visait à ne laisser subsister aucun doute sur le fait qu’il avait choisi la religion catholique de plein gré et avait pleinement assumé son choix. Choix paradoxal, si on y réfléchit bien, car à tout prendre il aurait pu demeurer en France s’il était si peu réfractaire à passer du côté catholique!

5703aUne hypothèse sur l’origine lointaine des Bédard. Mais jusqu’à quand peut-on remonter dans le temps pour en savoir davantage sur l’appartenance huguenote d’Isaac et de ses ancêtres? La version la plus souvent entendue quand on consulte les ouvrages sur les origines des familles souches est que le nom de famille Bédard vient en fait de Bedaux, plus ou moins synonyme de « sacristain ». C’est également l’interprétation qu’en donne Omer Bédard dans sa Généalogie des familles Bédard du district de Québec (Québec, Imprimerie Jacques-Cartier enr., 1946, 657 pages). On prend des libertés avec l’exactitude historique en ne mentionnant pas toujours l’origine huguenote des ancêtres. On en fait d’office des catholiques! 

D’autres sont plus consciencieux. Alain Bédard, dans son ouvrage, précédemment mentionné au chapitre 55, pose l’hypothèse que les Bédard étaient devenus protestants dans la foulée du mouvement de la réforme mais qu’ils avaient d’abord été des catholiques.  Il s’appuie sur les inventaires généalogiques d’Anne Osselin, qui a documenté l’hypothèse selon laquelle les Bédard, alors encore catholiques, seraient originaires d’un village en Saintonge, du nom de Fontedeault. « Bédard » serait la version « singulière » de l’appellation, alors que « bedeaux » en serait la forme « plurielle ».

Madame Osselin y a retracé des ancêtres Bédard jusqu’en 1440, dont un certain Yonnet Bedeaux, sans doute bedeau du village. Elle a pu retracer le cheminement des ancêtres, convertis au calvinisme, jusqu’à La Tremblade, village situé à proximité de La Rochelle et qui compte une communauté huguenote. On connaît la suite. 

Les Bédard ignoraient-ils leurs origines huguenotes? Il semble que non, même si on n’en faisait sans doute pas étalage. Ferdinand Verret confirme le tout, dans un texte daté du 3 août 1942, consacré à l’ascendance des Bédard.  Il note d’ailleurs ceci: “On était sous l’impression que les Bédard venaient de Paris. Or cette semaine j’ai vu la copie de l’acte de mariage de Isaac Bédard et de Marie Girard (1645). Isaac vient de Larochelle, France, et son a mariage a été fait (sic) devant un ministre huguenot. Donc les Bédard se sont faits catholiques au Canada. Ils étaient protestants à cette époque.  J’ai raison de croire qu’on ne toléraient (sic) pas beaucoup de protestants à Québec”

58 - Les racines séfarades et juives des Bédard

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