David Gosselin, l’implacable. Né à Saint-Jean-Île-d’Orléans en 1846, David Gosselin a
de nombreux frères et sœurs, dont François-Régis Gosselin, qui épousera Mary-Ann O’Neill et sera le père de Mathilde, ma grand-mère paternelle.
Ma grand-mère Mathilde est donc sa nièce.
Éduqué au Petit-Séminaire de Québec, David Gosselin choisit la prêtrise. Il démontre rapidement une personnalité forte, un don évident pour l’écriture et une formidable énergie. Polémiste dans l’âme, il s’investira dans les causes qui lui sont chères, notamment la protection des droits des francophones du Manitoba. Et ce sans jamais négliger son ministère : il sera d’abord curé de Cap-Santé puis, à compter de 1899, de Charlesbourg.
Il publiera abondamment, une quinzaine d’ouvrages à teneur religieuse. De plus, en 1883, il rachète les droits de publication de La Semaine religieuse, un hebdomadaire destiné aux curés et personnes pieuses et reproduit à mille exemplaires chaque semaine. Il en demeurera propriétaire et rédacteur pendant treize ans. On estime à 10 000 le nombre de pages rédigées de sa plume! Simultanément à l’exercice de ses fonctions de curé!
C’est un homme au caractère entier, sanguin, et que ses ouailles craignent. Tout sauf un homme aimable, contrairement à Ferdinand Verret.
Mais surtout, pour ce qui nous intéresse, il se révèle un passionné de généalogie. Sans support électronique ni moteur de recherche, il documentera patiemment les sujets qu’il explore et publiera plusieurs « briques » : l’histoire de la généalogie des Gosselin, celle des familles de Cap-Santé et celle des familles de Charlesbourg (incluant les Bédard). Il n’hésite pas à plonger dans les documents d’archives, à procéder à de laborieuses vérifications et, le contraire nous eût étonné, n’est pas avare de précisions méthodologiques :
« Un arbre généalogique, on le sait, est le tableau des ascendants et des descendants d’une famille, et permet de constater la parenté et les degrés de parenté qui peuvent exister entre les membres de cette famille. En matière de parenté, il faut distinguer la souche, le degré, la lignée. La souche est celui de qui sort une suite de descendants. Le degré est la distance qui existe entre les parents et leur souche commune… » (David Gosselin, Dictionnaire généalogique des familles de Charlesbourg, avant-propos, 1902, 592 pages).
Et surtout il rédigera, dans ce qui tient lieu de Mémoires, un ouvrage intitulé Figures d’hier et d’aujourd’hui à travers Saint-Laurent-Île-d’Orléans (Québec, Imprimerie franciscaine missionnaire, 1919, 320 pages). Il y décrit non seulement le village où il a grandi mais également ses frères et sœurs. Dont François-Régis Gosselin, père de ma grand-mère Mathilde. Un homme au triste destin dont je parlerai plus loin dans la dernière partie de mon texte. David ne dit pas tout sur son frère, mais le profil psychologique qu’il en dresse est, lui, rigoureusement exact.
En préface, David Gosselin dédie l’ouvrage à ses neveux et nièces… J’y retrouve, ainsi, une filiation… Ne suis-je pas son arrière-petite-nièce?