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38 – Rites de passage : première communion et ablation des amygdales

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Édith est studieuse. Je réussissais bien à l’école. J’avais soif d’apprendre. Je gobais les matières avec appétit. Même ma grand-mère Mathilde semblait démontrer de la fierté devant mes succès scolaires, attributs prisés au plus haut point chez les Bédard. Je dessinais, faisais de la musique, avais beaucoup d’oreille comme mon grand-père, Joseph-Arthur,  disait-on. Je m’étais même mise à la poésie, à l’insistance de mes parents que la soudaine célébrité de la jeune prodige, Minou Drouet, dont Paris-Match faisait abondamment mention, avait impressionés.

3801d_V2Préparation en vue de ma première communion. Le soir, mon père me faisait répéter mes leçons. Pour la religion, la tâche incombait à ma mère. Il fallait apprendre des prières par cœur, réciter des phrases toutes faites auxquelles je ne comprenais rien. Car on me préparait pour ma première communion, qui eut lieu le premier mai 1955 en compagnie d’une dizaine d’autres fillettes. Je me rappelle davantage de la tunique blanche que je portais, au lieu de la tunique marine habituelle, du voile en tulle rebrodé sur la tête retenu par un cerceau orné de fleurs, des gants blancs, que de la cérémonie elle-même. Sauf que je passai à un cheveu de m’évanouir, tout comme les autres fillettes. Car il fallait être à jeun depuis la veille pour communier. Cela dépassait mes capacités.

Ma mère avait convié mes deux grand-mères. Leur présence simultanée constituait un événement tellement exceptionnel que je m’en souviens encore. Deux femmes si différentes, l’une toute en retenue, austère et silencieuse. L’autre, légère et volubile. Le contraste de deux empreintes génétiques totalement discordantes. Le choc, également, de deux personnalités dont leur conception des êtres, de la vie et du bonheur étaient aux antipodes l’une de l’autre, du moins au crépuscule de leur vie.

Papa tempère mes ardeurs… Maman prépare mon dessert favori. Mon père ne donna pas nécessairement à l’événement le panache que ma mère eût souhaité. J’étais fort influencée par mon père. Ce fut néanmoins une belle fête et j’en fus reconnaissante à ma mère. Elle avait préparé mon dessert préféré : un gâteau de Savoie, fait maison, qu’elle imbibait d’un mélange de crème anglaise et de jus d’ananas, additionné de gélatine. Elle mettait le tout dans un moule, réfrigérait pendant quelques heures et démoulait. Cela s’appelait : un dessert glacé à l’ananas.

3803Ablation des amygdales. À l’époque, on enlevait les amygdales presque par automatisme. Comme j’avais constamment des rhumes, il fut décidé de m’opérer. L’intervention se fit à l’hôpital de l’Enfant-Jésus. En médecine externe. On entrait le matin et on ressortait en fin de journée. Je garde un vague souvenir de la piqûre, qu’une infirmière-religieuse tout de blanc vêtue, me fit. Elle m’y prépara en comparant ce que j’allais ressentir à la présence d’une abeille qui se poserait sur mon bras. « Cela va piquer légèrement », me dit-elle pour me rassurer. Le souvenir de  mon père qui me conduit lui-même à la salle d’opération, en me portant dans ses bras, est demeuré très vif. C’est lui qui me déposa sur la table d’intervention et me tint la main quand on m’endormit.  Puis le black-out total. Et l’impression  de me réveiller presqu’immédiatement, la bouche pâteuse, la tête lourde avec la gorge douloureuse. J’ouvre les yeux. Andrée est là et de sa voix douce me rassure et m’aide à retrouver mes esprits. Plus tard, rentrée à la maison, on m’installe dans le vivoir, sur le canapé et sous une bonne couverture. Mon père et Andine veillent sur moi avec affection.  Je dois sucer des morceaux de glace pour enlever la douleur et permettre aux points de cicatriser. Mon père m’a offert un ballon gonflable, jaune, orange et vert. Une grande joie. 

39 - Premiers hivers à Charlesbourg

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