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185 – L’expédition Lewis et Clark

18501aQui étaient Lewis et Clark? Meriwether Lewis et William Clark étaient deux Américains, militaires de formation, éduqués et brillants, qui s’étaient connus alors que Clark était lieutenant d’infanterie. Ils s’étaient liés d’amitié, même si leurs personnalités étaient aux antipodes l’une de l’autre. Autant Clark était extraverti, d’un caractère égal, d’un commerce agréable et doué pour la négociation, autant Lewis était déterminé, renfermé, parfois sombre et sujet à des épisodes de profonde dépression. Lewis était très proche du président Jefferson, qui en avait fait, lors de son élection à la présidence en 1801, son secrétaire particulier. Mais rapidement Jefferson allait confier à son protégé un mandat hautement stratégique, qui allait requérir qu’il quitte son service pour s’y consacrer à part entière (Lewis et Clark, Biographie).

Un ambitieux mandat leur est confié par le président Jefferson. Jefferson voulait découvrir la voie de communication fluviale la plus directe et la plus praticable pour relier l’est à l’ouest des États-Unis. Il souhaitait également affirmer l’autorité des États-Unis sur cet immense territoire, nouer des liens avec les nombreuses tribus indiennes et leur transmettre le message de paix de leur « nouveau grand chef », le président des États-Unis d’Amérique. En corollaire il souhaitait les amadouer et s’assurer de leur collaboration. Il confia cet ambitieux mandat à Meriwether Lewis, qui offrit à son ami William Clark de se joindre à lui, comme co-responsable de l’expédition

Le président Jefferson leur demanda également de décrire in extenso ce qu’ils découvriraient au fur et à mesure de la progression de leur expédition. Le relief, les cours d’eau, la végétation, la faune, les tribus indigènes et les différentes langues parlées. Ce qu’ils firent avec une minutie et un dévouement exemplaires. Le journal de leur périple a survécu et a fait l’objet de nombreuses publications. Mais après leur mort, plusieurs années plus tard. Comme à retardement.

Un périple qui totalisera, à terme, 6 000 kilomètres! L’expédition de Lewis et Clark fait partie de l’univers mythique des Américains. Elle consacre la mainmise de cette nouvelle nation, les États-Unis d’Amérique, sur l’immense territoire qui est désormais le sien, depuis qu’elle a accédé à l’indépendance, en 1776 et s’est libérée du joug britannique. Il s’agira d’une véritable épopée. Mais d’une épopée vraie! Du 14 mai 1804 au 23 septembre 1806, Lewis et Clark vont explorer un territoire en grande partie encore inconnu des Américains. Partis de l’embouchure du Missouri, à Saint-Louis, ils vont traverser le centre des États-Unis d’est en ouest jusqu’à Fort Clapsop, à l’embouchure du fleuve Columbia. Tout un périple, de 6 000 kilomètres! 

Une expédition minutieusement préparée. Le 21 mai 1804, équipés de trois bateaux, dont deux sont en fait des pirogues, ils quittent le village de Saint-Charles, situé à quelques milles de Saint-Louis. Lewis et Clark ont réuni autour d’eux une équipe imposante composée de soldats, mais également de chasseurs, d’un forgeron, de cuisiniers, d’un armurier, de rameurs, de pilotes et de traducteurs.

Rencontre avec de multiples tribus indiennes en voie d’extinction. Une fois dépassé le village de Charrette, dernier village Blanc de la région, ils pénètrent dans un territoire inconnu des Américains, le long du fleuve Missouri. Ce fleuve est un cours d’eau difficile et dangereux. Ils vont rencontrer des Indiens souvent en guerre les uns avec les autres et dont ils ne savent pas toujours en les approchant dans quelle disposition d’esprit ils les trouveront.

Et des Indiens qui, ravagés par les maladies infectieuses, conséquence de leur contact avec les Blancs, sont en voie rapide d’extinction. Les explorateurs constateront qu’il existe de multiples tribus indiennes, avec souvent des caractéristiques physiologiques et corporelles diversifiées et pour chacune leur langue propre et leurs coutumes. On parle des Yanktons, des Tetons, des Arikaras, des Mandans, des Hidatsas, des Shoshones, des Têtes Plates, des Nez Percés, des Chinooks et des Clatsops. Également des Otos, des Missouris, des Yakimas, des Wanapams, des Wallas, des Umatillas, des Wishrams, des Wascos, des Sakaptians, des Skilloots, des Multnomahs, des Kathlamets, des Wahkiakyms. Et la liste n’est pas complète. Lewis et Clark traverseront des territoires désertés, avec de multiples villages abandonnés. Par exemple le long du Missouri, où il ne reste que quelques milliers d’indigènes qui finiront par être fauchés à leur tour par une importante épidémie de variole en 1837.

Les « Frenchmen » sont partout! Lewis et Clark découvrent à leur grand étonnement que de nombreux convois circulent dans ces espaces et territoires et, qu’immanquablement, ils sont conduits par des « Frenchmen» c’est-à-dire des Canadiens-français! Ils vont en rencontrer tant et plus durant leur expédition. Et c’est tant mieux pour eux car ces habiles aventuriers, souvent nés à Québec, Montréal ou le long du fleuve Saint-Laurent, vont leur transmettre à plus d’une reprise des informations de première main sur ce qui les attend plus loin. Eux-mêmes ont recruté de nombreux Canadiens-français. Un article de l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française est précisément consacré à leur contribution à l’expédition de Lewis et Clark.

Lewis et Clark croisent à un moment donné la route de Régis Loisel, un célèbre trappeur, né à L’Assomption au Bas Canada. Loisel avait fondé avec d’autres hommes d’affaires de Saint-Louis la Compagnie des explorateurs du Haut-Missouri (The Missouri Fur Company). Loisel ne sera pas avare de conseils et d’informations utiles pour les voyageurs. Il les renseignera sur ce qui les attend dans la prochaine étape de leur périple et les enjoindra de s’arrêter à Cedar Island, située mille milles plus loin, où ils pourront rencontrer ses associés, Pierre-Antoine Tabeau et Joseph Garreau.

Sacawega, la femme de Toussaint Charbonneau… Parmi les Canadiens qui étaient à l’emploi de l’expédition, comme rameurs ou interprètes, on relève les noms de Georges Drouillard et de Toussaint Charbonneau. Ce dernier, né à Boucherville, était le fils de Jean-Baptiste Charbonneau et de Marguerite Deniau. Une des femmes de Toussaint, une Indienne, du nom de Sacawega, deviendra célèbre et éclipsera tous les autres héros de l’expédition de Lewis et Clark dans l’imaginaire américain. Âgée d’à peine quinze ans, cette jeune Indienne de la tribu des Serpents avait été enlevée quelques années auparavant par les Hidatsas et avait été rachetée par Toussaint Charbonneau. Elle l’accompagnera tout au long de l’expédition et gagnera l’admiration de Lewis et de Clark pour son courage et son caractère égal, noble et déterminé.

… passera à la postéritéSacawega passera à la postérité pour avoir porté Jean-Baptiste, son enfant nouveau-né, surnommé affectueusement Pomp par Clark, sur ses épaules tout au long de l’expédition. Il sera d’ailleurs élevé par Clark de l’âge de cinq ans jusqu’à l’âge de douze ans. Jean-Baptiste Charbonneau deviendra un interprète accompli comme son père. Il accompagnera un noble allemand, le duc de Wurtemberg, dans une mission d’exploration dans l’ouest et le suivra en Europe. Revenu en Amérique, il tentera sa chance en Californie. Mais décédera dans le Montana.

18503aLe 9 juin 1998, le Dollar Coin Design Advisory Committee recommandait aux autorités américaines de reproduire sur la nouvelle pièce d’un dollar US une effigie à la mémoire de Sacawega. Plusieurs ébauches furent soumises. Celle qui fut retenue était l’œuvre d’une jeune étudiante de l’université du Nouveau-Mexique, dénommée Randy’L He-Done Teton. On y voit Sacawega et son fils, Jean-Baptiste, dit Pomp, qu’elle porte attaché sur son dos, conformément à la tradition indienne. En 2002, une pièce de monnaie à l’effigie de Sacawega, un golden dollar, a été émise en commémoration de l’expédition Lewis et Clark et de la contribution iconique de cette jeune femme à la construction du rêve américain.

Denis Vaugeois, dans un livre magnifique et inspirant, intitulé America, résume ainsi l’épopée de Sacawega et ce qu’elle préfigure : « Sacawega a éclipsé Pocahontas et pourquoi pas George Washington! Ses yeux brillants fixent William Clark et Toussaint Charbonneau. Elle ne les guide peut-être pas, mais elle les incite certes à aller de l’avant. Pomp, lui, est en confiance accroché au dos de sa mère; il dort du sommeil du juste. Il est la rencontre de deux mondes, l’Amérique et l’Europe. Il est l’avenir » (Denis Vaugeois, America, Sillery, Septentrion, 2002, 264 pages, p. 237).

Lewis et Clark croisent Pierre Dorion I … et l’embauchent! Le 12 juin, Lewis et Clark font la connaissance d’un autre associé de Loisel, Pierre Dorion, qui descend le Missouri sur deux radeaux. C’est notre Pierre Dorion! « Mon » Pierre Dorion, aurais-je envie de dire! Quand les deux émissaires du président apprennent qu’il vit auprès des Sioux depuis des années et qu’il parle couramment leur langue, ils l’embauchent. Dorion devient ainsi membre à part entière de l’expédition. Il leur sera d’un grand secours.

186 - Pierre Dorion I et Pierre Dorion II : même réputation sulfureuse
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