J’ai expliqué au chapitre 160 (Mon père avait deux femmes) combien Louisette, la première femme de mon père, était omniprésente dans mon enfance à Charlesbourg. Et ceci malgré son décès, malgré le remariage de papa avec Marcelle, ma mère, et malgré l’omerta décrétée par celle-ci au sujet de l’autre femme. Enfant, je grappillais des informations, comme un oisillon cherche des miettes de pain, au sujet de cette branche de l’arbre familial. Une branche à laquelle je n’appartenais pas mais qui était néanmoins partie prenante, me semblait-il, de son tronc et de sa souche!
Louisette Desjardins, originaire de Saint-Pascal-de-Kamouraska. Devenue adulte, j’ai fait une plongée dans les registres d’état civil et exploré les moteurs de recherche généalogique afin d’en savoir davantage sur Louisette et sur ses origines. J’ai découvert qu’elle était originaire de Saint-Pascal de Kamouraska, un village du Bas-St-Laurent situé à cent-cinquante-kilomètres au nord-est de Québec, à l’intérieur des terres et non sur les rives du fleuve, et qu’elle y était née le 9 juin 1899. Elle avait donc cinq ans de plus que mon père, son futur mari, qui était né, lui, le 20 janvier 1904, à Charlesbourg. Sa famille n’était vraisemblablement pas très éduquée car seule sa marraine, Léontine Lévêque, avait su signer son nom sur l’acte de baptême.
Une famille modeste. Louisette était la fille d’Édouard Desjardins, menuisier, et d’Arthémise Soucy. Édouard était né en 1857 et était le fils de Salomon Desjardins et d’Éléonore Michaud. Arthémise, quant à elle, était née en 1867 et était la fille d’Adolphe Soucy et de Marie Charest. Édouard et Arthémise s’étaient mariés le 10 février 1885 à Saint-Pascal-de-Kamouraska. Seule Arthémise avait pu apposer son nom au bas de l’acte de mariage, ce qui semble indiquer là encore des origines modestes, comme cela était fréquemment le cas dans les campagnes d’ici.
De nombreux frères et sœurs. Louisette avait quatre frères et cinq sœurs : Charles (né circa 1889), Mendoza (1891), Fortunat (1893), Joseph (1895), Germaine (1902), Blanche Antoinette (née et décédée en 1903), Gérardine (1906) et Géraldine (1908). Elle avait également une sœur, Marie-Laure, qui serait née en 1884, donc un an avant le mariage de ses parents dans des circonstances que je n’ai pu éclaircir. Elle sera partie prenante de la famille et épousera le 22 novembre 1904, à Saint-Pascal-de-Kamouraska, Joseph Omer-Lemay, électricien.
Trois des frères de Louisette émigreront aux États-Unis : Joseph et Fortunat, qui s’installeront à Nashua, au New-Hampshire, et Charles qui choisira, quant à lui, New-York. Ils exerceront les métiers de menuisiers et de charpentiers. Louisette sera proche de son frère Mendoza, dont je n’ai pu retracer le métier, et surtout de ses sœurs Géraldine et Germaine : Cette dernière était institutrice et avait épousé le notaire David Michaud, le 21 novembre 1922. Le couple s’était installé à Dolbeau.
Louisette inscrite à l’école ménagère de Saint-Pascal de Kamouraska. J’ignore tout de la petite enfance de la future femme de mon père. Mais elle était sûrement studieuse et avide d’apprendre, comme en fait foi un cahier dans lequel Louisette, élève de l’école ménagère Chanoine-Beaudet de Saint-Pascal de Kamouraska en 1914-1915, avait consigné des réflexions et rédigé de courts récits qui, sans être transcendants, révélaient néanmoins une imagination fertile et une forte sensibilité. Je suis convaincue qu’elle aura été également une élève extrêmement minutieuse, retranscrivant les noms du personnel enseignant ainsi que celui des élèves de chaque classe, d’une écriture soignée, sans rature. On remarque également qu’elle est pieuse et semble très croyante.
Édouard Desjardins, père de Louisette, décédera le 6 novembre 1922, alors que celle-ci n’a que vingt-trois ans. Sa femme, Arthémise, lui survivra jusqu’au 18 juillet 1939, alors qu’elle décède à son tour, à l’âge de soixante-douze ans. Louisette devra donc assez tôt apprendre à se débrouiller seule dans la vie, du moins au point de vue financier.