EdithBedard.ca Mon arbre

EdithBedard.ca

149 – Mary-Ann sous le joug du curé Gosselin

(Mary-Ann O’Neill 9)

Mary-Ann et sa famille forcées de quitter Chicoutimi. Mary-Ann O’Neill et son mari, François-Régis Gosselin, quittent Chicoutimi en 1886 après que celui-ci eut été forcé de démissionner de son poste de protonotaire. Il sera immédiatement remplacé par son jeune frère, l’ambitieux et doué François-Xavier, qu’il avait généreusement accueilli et sans doute introduit dans la petite société bourgeoise de Chicoutimi, celle à tout le moins des avocats et notaires du coin.

François-Xavier se porte même acquéreur de la maison du couple Gosselin-ONeill, que dans les livres d’histoire consacrés à Chicoutimi on identifie comme étant la maison « François-Xavier Gosselin-Rodolphe Joron », ce dernier étant le nom du futur gendre de François-Xavier. Le passage de François-Régis a été complètement gommé des annales municipales et même familiales de Chicoutimi. Il n’a pas existé. Point à la ligne.

Démunis et sans ressources. Le couple est démuni, sans ressources. François-Régis est vraisemblablement très diminué par son alcoolisme et, probablement, par sa dépression chronique puisqu’il n’occupera plus jamais d’emploi. Mary-Ann et François-Régis n’auront plus jamais les moyens d’habiter une maison dont ils seraient propriétaires. À l’époque, en l’absence de filet de sécurité sociale, les familles et les individus ne pouvaient compter sur l’État quand ils se retrouvaient démunis. Ce sont les proches qui les prenaient en charge. Et encore… Dans le cas qui nous intéresse, ni les Dorion ni les Cannon et encore moins les amis bien placés de Chicoutimi ne se manifestèrent.

14901Recueillis par le curé Gosselin! Alors, c’est le curé Gosselin qui accueillit le couple et les enfants au presbytère de Cap-Santé, dont il venait d’être nommé curé. Celui-là même qui avait comploté pour faire destituer François-Régis de son poste de protonotaire et y faire nommer leur jeune frère, François-Xavier, devenait leur sauveteur!

Cap-Santé est alors un petit village bucolique et paisible, juché sur une falaise qui longe le fleuve, sur le chemin du Roy entre Québec et Trois-Rivières. Son église a été construite de 1754 à 1759 par Pierre Renard. Son presbytère, tout de bois, a été construit en 1849 d’après les plans de Charles Baillargé. La rue principale est sillonnée de jolies demeures également en bois. La vue qu’on a du fleuve est imprenable. Une sorte de Natchez en plus petit …

Hébergés jusqu’à leur mort! Mary-Ann et sa famille se retrouvent ainsi sous la coupe de l’autoritaire et contrôlant curé Gosselin qui n’a jamais caché son mépris pour l’Irlandaise, comme il l’appelait. Quelle humiliation… Pendant combien de temps Mary-Ann et François-Régis seront-ils hébergés par David Gosselin et assujettis à son bon vouloir ? Jusqu’à leur mort à l’un et à l’autre! Elle, en 1909, lui, en 1912. Peut-on imaginer scénario plus effroyable?

Une générosité qui ne leurre personne. David Gosselin ne roulait pas sur l’or mais ses fonctions de curé lui assuraient le gîte et le couvert. C’était un bourreau de travail qui avait racheté en 1888 La Semaine religieuse destinée aux curés des paroisses du Québec. David Gosselin en était non seulement le propriétaire, mais également le directeur-rédacteur. La Semaine religieuse était publiée hebdomadairement et tirait à 1 000 exemplaires. Chaque numéro comptait entre huit et seize pages. David Gosselin en retirait ainsi des revenus d’appoint. Mais accueillir en plus la famille de François-Régis représentait sûrement un fardeau financier non négligeable.

Dans la famille on était convaincu que ce qui le motiva à se montrer aussi généreux, c’était si on peut dire, un vague sentiment de culpabilité : « Gosselin se sentira responsable de la destinée de ce frère déchu puisqu’il lui aura fait perdre son poste de protonotaire à Chicoutimi, en faveur de François-Xavier. Il devra l’héberger, lui et ses enfants, au presbytère. » (Roger Le Moine cité par Michel C. Boucher, dans De l’ultramontanisme au nationalisme, mémoire de maîtrise, Université d’Ottawa, janvier 1989, p. 4, disponible sur le web).

Certains des enfants quittent le bercail. Lors du Recensement fédéral de 1891 on retrouve les noms de Mary-Ann et de François-Régis comme habitant Cap-Santé. Leurs deux noms figurent immédiatement après celui de David Gosselin. Apparaissent également ceux d’Éva et de Lizzie. Edwin, 20 ans, et Ida, 23 ans, figurent au Recensement mais à Québec, comme logeurs chez leur oncle Pierre Gosselin et sa femme Rosalie. David Gosselin indiquera dans Figures d’hier et d’aujourd’hui que son frère, Pierre Gosselin et sa femme, sans enfant, avaient adopté un de leurs neveux (Op. cit. tome II, p. 146). Il s’agit sûrement d’Edwin.

Qu’advint-il des enfants de Mary-Ann et de François-Régis? Certains accepteront le carcan que leur imposera leur oncle, David Gosselin. D’autres le rejetteront… À suivre…

Consultez l’arbre généalogique des Dorion
Consultez le tableau des descendants de Pierre Dorion et de Jane Clarke
150 - Ida et Éva font de beaux mariages : IDA

Recherche
Merci de faire connaître ce site