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147 – Le bonheur de Mary-Ann : ses six enfants

(Mary-Ann O’Neill 7)

La famille Gosselin-O’Neill s’agrandit rapidement. Mary-Ann O’Neill, mon arrière-grand-mère, et François-Régis Gosselin s’étaient mariés à Chicoutimi, le 25 juillet 1864. François-Régis sera nommé le premier décembre 1870 Protonotaire de la Cour supérieure de Chicoutimi, ce qui lui assurera des revenus confortables et des contacts au sein de la bonne société de Chicoutimi. La famille habite une belle et spacieuse maison bourgeoise à deux pas du Palais de justice.

Les six enfants du couple naîtront rapidement. À peine neuf mois après leur mariage, Mary-Ann accouchait d’un premier enfant, François-Joseph Adolphe, né le 20 avril 1865. Il sera suivi de Marie-Arthémise-Éva, née le 16 juillet 1866, de François-Guillaume-David, né le 18 novembre 1867, de Marie-Geneviève-Ida, née le 6 mai 1869, de Marie-Louis- Edwin, né le 8 août 1871, et finalement de ma grand-mère, Marie-Alvia-Éliza-Mathilde, née le 23 juillet 1875.

Des parrains et des marraines notables de Chicoutimi et de Québec. L’identité des parrains et des marraines des enfants qui naîtront de leur union reflète, comme celle des témoins au mariage, les liens professionnels et d’amitié que le couple entretenait avec des notables de Chicoutimi et, exceptionnellement, de Québec. Là encore aucun membre de la famille immédiate de François-Régis, non plus que de la famille éloignée de Mary-Ann, n’est désigné comme parrain ou marraine des six enfants qui naîtront, entre 1865 et 1875. Le couple attribue le prénom des parrains et marraines aux enfants mais s’écarte de la tradition qui avait cours dans la société d’ici, à l’époque, ainsi qu’au sein des familles Dorion et Gosselin : celle d’inviter des membres de la famille immédiate à agir comme parrains et marraines, Tel n’est pas ce que le couple fit comme choix, de toute évidence. La chose a de quoi étonner.

  • François-Joseph Adolphe (voir chapitre 151 à venir)
    Né et baptisé le 20 avril 1865

    Parrain : Pierre-Cyrille-Adolphe Dubois, médecin de Québec, marié à Constance-Odile Chapereau
    Marraine : Sophie Fraser, épouse du notaire Ovide Bossé
  • Marie-Anne-Arthémise-Éva (voir chapitre 150 à venir)
    Née le 16 juillet 1866, baptisée le 17 juillet

    Parrain : François-Xavier Frenette, avocat de Chicoutimi, marié à Angèle-Apolline-Delphine Cimon, fille d’Hubert Cimon de La Malbaie
    Marraine : Lucie-Arthémise Gagné, mariée à Thomas Zézine Cloutier, notaire public à Chicoutimi
  • François-Guillaume-David (voir chapitre 152 à venir)
    Né et baptisé le 18 novembre 1867

    Parrain : François O’Brien, greffier de La Couronne, Chicoutimi
    Marraine : Marly Marin, veuve d’Edmond Duberger, arpenteur, Chicoutimi
  • Marie-Geneviève-Ida (voir chapitre 150 à venir)
    Née et baptisée le 6 mai 1869

    Parrain : Georges-Alphonse Kane, originaire de La Malbaie et avocat à Chicoutimi
    Marraine : Marie-Cléophée Dubois
  • Louis-Marie-Edwin (voir chapitre 151 à venir)
    Né le 8 août 1871, baptisé le 9 août 1871

    Parrain : Ernest Cimon, avocat, originaire de La Malbaie et fils d’Hubert Cimon
    Marraine : Agnès Gilloran, future épouse de George Du Tremblay en 1871
  • Marie-Alvia-Eliza-Mathilde (voir chapitre 153 à venir)
    Née et baptisée le 23 juillet 1875

    Parrain : Édouard Lemieux, marchand
    Marraine : Éliza Bossé, fille du notaire Ovide Bossé

Comment interpréter l’absence de représentants des familles, qui ne peut être fortuite ou involontaire, étant donné le nombre d’enfants qui ont vu le jour au sein du couple et la période de dix ans écoulée entre la naissance de l’aîné et celle de la benjamine de la famille? L’eût-on réellement souhaité, de part et d’autre, les choses se seraient sans doute arrangées avec le temps et le rapprochement entre les époux et leurs familles se serait concrétisé. Or il n’en fut rien. Qui rejetait qui?

Les Bossé, les Cimon et quelques autres. Les membres de la famille du notaire Ovide Bossé, dont la femme Sophie Fraser était une amie de Mary-Ann, figurent à quelques reprises au registre des baptêmes des enfants. Eliza Bossé, fille d’Ovide Bossé et de Sophie Fraser, qui n’est alors qu’une toute jeune fille, sera la marraine de ma grand-mère, Marie-Alvia-Eliza-Mathilde.

Le couple Bossé perdra deux garçons en très bas âge : Joseph-Edmond, inhumé le 26 mars 1867 à l’âge de treize mois, et Joseph-Elzéar-Israël, inhumé le 8 mars 1871 à l’âge de six mois et demi. Dans les deux cas, François-Régis figurera parmi les signataires du registre des témoins à l’inhumation; reflet des liens d’amitié qui unissaient les deux couples au-delà des liens professionnels.

Les membres de la famille Cimon apparaissent également. Ernest Cimon agit comme parrain de Louis-Marie Edwin. Le mari de sa sœur, Angèle-Apolline-Delphine Cimon, François-Xavier Frenette, avocat de Chicoutimi, agit comme parrain d’Éva.

Une autre marraine, Lucie-Arthémise Gagné et son mari, Thomas Zézine Cloutier, étaient certainement de grands amis du couple Gosselin-O’Neill puisque c’est François-Régis et Mary-Ann qui avaient été les témoins de leur mariage, célébré le 12 juillet 1864, à Chicoutimi.

Bref, nul Gosselin, Dorion ou Cannon parmi les parrains et marraines.

Mary-Jane, Willie, Lizzie et les autres… On anglicise les prénoms des enfants, reflet de l’ascendance anglophone de la maman. Ainsi Marie-Arthémise-Éva deviendra « Mary-Jane », prénom d’ailleurs de la marraine de Mary-Ann, Mary-Jane Cary, mariée à Laurence Ambrose Cannon. Louis-Marie-Edwin deviendra seulement « Edwin », Guillaume deviendra « Willie ». Mathilde, ma grand-mère, sera « Lizzie », un prénom que les personnes dont elle sera proche utiliseront toujours, à commencer par Ferdinand Verret qui, dans son Journal, la désignera toujours affectueusement ainsi.

Mary-Ann, qui n’a pas réellement eu de famille, savoure sans doute cette ribambelle d’enfants qui, en plus, sont les siens! Des années de bonheur, total ou nuancé pendant lesquelles elle voit ses enfants naître et grandir au fur et à mesure. Un baume, sans doute, sur les malheurs du passé.

On retrouve le couple répertorié avec ses enfants dans le recensement fédéral de 1871, puis dans celui de 1881. Leur lieu de résidence : Chicoutimi. Le ménage se compose, outre les enfants et la servante, de François-Régis, avocat, protonotaire et chef de famille, décrit comme étant de nationalité « française », et de son épouse, Mary-Ann, décrite comme étant « Irlandaise », en référence sûrement à son prénom orthographié à l’anglaise et à son fort accent, qui ne la quittera jamais. Une façon subtile aussi de la classer comme différente et étrangère. Un amalgame dont elle se serait sûrement passé.

14703bLes garçons inscrits au Petit Séminaire de Chicoutimi. De 1880-1881 à 1886-1887, les trois garçons sont inscrits, chacun à leur tour, au Petit-Séminaire de Chicoutimi pour y poursuivre leur cours classique. Les premières années, ils y sont comme pensionnaires. Le coût de la pension s’élève à 90$ par année, par étudiant. On consentait sûrement des rabais aux familles mais nul doute que cela représentait une lourde dépense dans le budget du couple. À partir de 1883-1884, on les mentionne comme externes.

Non seulement les noms des plus doués étaient-ils cités lors de la distribution annuelle des prix, qui se déroulait en présence des parents, mais en plus le tout se retrouverait dûment imprimé dans l’Annuaire du Petit séminaire, publié chaque année! Quelle humiliation pour les enfants moins doués et leurs familles. L’apprentissage précoce de la compétition, encouragée et récompensée.

Les trois fils réussissent fort bien, surtout Joseph (François-Joseph-Adolphe) et William, qui se méritent les premiers prix et des accessits lors des distributions solennelles des prix, qui se déroulent invariablement à la fin juin de chaque année. Leur nom apparaît de façon constante dans les listes de récipiendaires.

William semble le plus doué des trois garçons. Ainsi, en 1881-1882, il décroche un Prix et reçoit un exemplaire des Anciens Canadiens, de Philippe-Aubert-de-Gaspé. En 1882-1883 et en 1883-1884, il remporte le premier prix d’histoire romaine. Et surtout en 1884-1885, il se voit décerner la Médaille Fafard « pour récompenser l’élève en Rhétorique qui aura décroché la première place dans un concours général sur l’histoire universelle ». Edwin, quant à lui, se distingue en 1884-1885 avec trois accessits : en histoire ecclésiastique, en dictée française et en version anglaise.

François-Régis et Mary-Ann étaient sûrement fiers de leur progéniture.

Consultez l’arbre généalogique des Dorion
Consultez le tableau des descendants de Pierre Dorion et de Jane Clarke
148 - Un loup dans la bergerie : François-Xavier Gosselin

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