(Mary-Ann O’Neill 6)
J’ai décrit au chapitre 145 mes recherches, demeurées infructueuses, afin de retrouver la trace de Mary-Ann O’Neill, mon arrière-grand-mère, entre 1854 et 1864. C’est son mariage avec François-Régis Gosselin, en 1864, qui m’a enfin permis de la retrouver.
Originaire d’une famille terrienne de l’Île d’Orléans. François-Régis était né à Saint-Jean-Île-d’Orléans le 20 juin 1839. Après de brillantes études au Petit Séminaire de Québec, il avait été admis en droit à l’Université Laval en octobre 1859. Il sera de la première promotion de cette faculté et sera reçu avocat en 1862.
François-Régis venait d’une famille de cultivateurs, mais pour qui l’éducation était prisée. Les garçons étaient reconnus pour leur intelligence et pour leur excellence au plan académique. Et même si la famille n’était pas fortunée, on avait réussi à faire instruire les garçons. Tous avaient fréquenté le Petit Séminaire de Québec puis l’Université Laval. David Gosselin deviendra prêtre. Pierre, arpenteur. François-Xavier, Jean et François-Régis, avocats. Tout un défi pour une famille terrienne de l’époque.
Un contrat de mariage fort balisé. Mary-Ann O’Neill et François-Régis Gosselin se marient le 25 juillet 1864, en l’église de la paroisse Saint-François-Xavier de Chicoutimi. Deux jours avant leur mariage, soit le 23 juillet 1864, les futurs époux avaient signé devant le notaire Ovide Bossé leur contrat de mariage. On y apprend que Mary-Ann déclare exercer le métier d’ « institutrice », un métier rémunéré par le ministère de l’Instruction publique de l’époque. Le lieu où elle pratique ce métier n’est pas indiqué… ce qui nous aurait pourtant fort intéressé.
Le couple renonce à la coutume de Paris. Les futurs mariés renoncent à la coutume de Paris et refusent donc le régime de la communauté de biens, sous quelque forme que ce soit. Les époux ne seront pas solidairement tenus d’honorer les dettes de l’autre. Mais hériteront par donation mutuelle, en cas de décès de l’un ou de l’autre, des biens du conjoint décédé.
Un douaire préfixe de mille piastres versé par François-Régis Gosselin. François-Régis n’a que vingt-six ans au moment du mariage. Il vient à peine de terminer ses études de droit. Il s’engage pourtant à verser à sa future femme un montant de mille piastres (1 000 $) au titre de « douaire préfixe ». Un montant fort élevé pour l’époque. Est-ce le notaire Bossé, dont la belle-sœur Virginie Fraser est proche de Mary-Ann, qui aurait exercé une pression quelconque pour que la future épouse soit très avantagée au plan financier par ce mariage? Mary-Ann avait reçu une bonne éducation, elle maîtrisait l’anglais autant que le français. Mais elle ne roulait pas sur l’or et n’avait aucun argent de famille. Pas de dot non plus!
Serait-ce plutôt François-Régis qui, de son propre chef, aurait décidé qu’il en serait ainsi? Ou aurait-il réussi, grâce à ce douaire, à arracher le consentement de Mary-Ann à contracter cette union? Mystère.
Aucun membre des familles immédiates au mariage. Le texte de la cérémonie de mariage, consigné au registre de l’église de la paroisse Saint-François-Xavier de Chicoutimi, nous renseigne sur l’identité des témoins des mariés.
Le témoin de Mary-Ann est Virginie Fraser, la belle-sœur du notaire Ovide Bossé, et elle est décrite comme « amie de la mariée ». Le témoin de François-Régis est un dénommé Israël Morin. Arthémise Cloutier, présentée comme une amie de la mariée, Ovide Bossé et la fille de celui-ci, Eliza Bossé, signent également le registre.
Il semble qu’aucun membre des familles immédiates de la mariée et du marié n’ait été présent à la cérémonie ou n’ait signé le registre de mariage. Cela a de quoi étonner, même si Chicoutimi était assez éloigné de Québec, de l’île d’Orléans ou surtout de Saint-Ours! Les mariés auraient pu choisir de se marier à Québec où habitait la marraine de Mary-Ann, Mary-Jane et son mari, Laurence Ambrose Cannon. La famille de François-Régis, quant à elle, habitait l’Île d’Orléans ou Québec même. Les futurs mariés choisirent Chicoutimi.
Était-ce parce qu’aux yeux de la famille Gosselin, en particulier, le mariage semblait peu assorti? Au moment de son mariage, Mary-Ann avait trente-et-un an. Ce n’était plus une jeune fille. Son mari était plus jeune qu’elle, puisqu’il avait à peine vingt-six ans. Ils étaient issus de deux familles on ne peut plus différentes. Elle, « venue d’ailleurs », orpheline, sans frères ni sœurs, au parcours non-orthodoxe. Lui, pourvu d’une famille étendue, terrienne, très ancrée dans les valeurs sociales et religieuses de son époque. Cette union de François-Régis avec cette femme plus âgée, que les Gosselin qualifieront d’ « Irlandaise » pour bien signifier qu’elle venait d’ailleurs, déplut sans doute aux Gosselin.
Le couple s’installe dans une belle demeure bourgeoise. Le couple fait l’acquisition d’une vaste et belle demeure bourgeoise à deux pas du Palais de Justice de Chicoutimi. François-Régis Gosselin est nommé, le premier décembre 1870, Protonotaire de la Cour supérieure de Chicoutimi. Les astres semblent alignés pour un bonheur sans nuages…
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