EdithBedard.ca Mon arbre

EdithBedard.ca

133 – Patrick Gilroy, des descendants stupéfaits

13300(Patrick Gilroy 2 de 2)

Patrick Gilroy et Henrietta Doyle ont eu cinq enfants : Charles-Edward (1838-1880), Patrick-Henry (1841-1849), John-Francis (1842-1877), Thomas-Alexander (1845-1912) et finalement Mary-Virginia (1850-1933). Leurs descendants sont nombreux et plusieurs d’entre eux habitent encore Nanjemoy, au Maryland, ou les localités avoisinantes. L’arbre généalogique extensif de la famille a été minutieusement dressé, génération par génération. Il fait des dizaines de pages.

La vie mouvementée de leur ancêtre, Patrick Gilroy, allait réserver à ses descendants bien des surprises! Et pas nécessairement agréables. Rien qui puisse les conforter dans leur conviction que leur ancêtre était sans taches et digne de leur fidélité à sa mémoire.

Tom Gilroy est l’un des descendants directs de Patrick Gilroy. C’est grâce à lui que j’ai pu accéder aux révélations qui suivent.

Patrick Gilroy, un être au caractère ombrageux et violent… Sur son caractère difficile et violent, des témoignages ont franchi le temps. Une descendante de son fils, John-Francis, Mme Arvilla Williams Gilroy, avait dans sa jeunesse eu comme voisin un monsieur d’un âge très avancé, du nom de Dunnington. La propriété de monsieur Dunnington était voisine de la plantation du docteur Gilroy. Monsieur Dunnington racontait qu’il avait eu maille à partir avec le docteur Gilroy qui avait la mauvaise habitude d’aller couper illégalement du bois sur sa propriété à lui. La querelle avait dégénéré et monsieur Dunnington l’avait traduit en justice.

13301… qui ira jusqu’à tuer un de ses esclaves. Mais surtout madame Arvilla Williams Gilroy avait appris de monsieur Dunnington que son aïeul avait un tempérament colérique. Il aurait frappé tellement fort un de ses esclaves que celui-ci en serait mort. Elle a d’ailleurs visité la plantation et trouvé un cimetière avec de simples croix de bois, qui contiendrait les restes d’au moins un esclave.

On se rappellera que, dans les recensements de 1840 et de 1850, Patrick Gilroy déclarait posséder trois esclaves : un homme et une femme, jeunes adultes, et une enfant. Le 16 avril 1862, le président Lincoln avait fait passer un acte, dit Acte d’émancipation, octroyant aux propriétaires d’esclaves loyaux à l’Union la somme non négligeable de 300 $ par esclave déclaré et libéré. Dans le seul district de Columbia, 930 pétitions furent ainsi présentées aux autorités. Et 2 989 esclaves furent libérés. L’acte d’émancipation des esclaves de Patrick Gilroy, décédé quelques mois auparavant, ne mentionne plus qu’une femme, Mary, âgée d’environ 34 ans, et une enfant Molly, âgée de 8 ans. L’homme manquant est peut-être l’esclave qui avait perdu la vie entre les mains de son maître.

Un immigrant débarqué à Washington directement d’Irlande? Les descendants de Patrick Gilroy ont cru pendant longtemps qu’il était arrivé aux États-Unis en provenance d’Irlande en compagnie d’un frère, avocat, qui souhaitait s’installer à New-York et également d’une sœur, qui voulait s’établir en Californie. Mais ils n’ont jamais pu identifier ce frère et cette sœur présumés comme si, jamais pendant son existence, Patrick Gilroy ne les avait côtoyés. D’où tenaient-ils ces informations? Sans doute de Patrick Gilroy lui-même. Certainement pas une source fiable!

On détient cependant une information qui tendrait à confirmer le fait que Patrick Gilroy émigra d’abord aux États-Unis. Ses descendants ont effectivement retrouvé dans les petites annonces du journal de Washington, The United States Telegraph, du 13 février 1818, une annonce qui se lit ainsi : « DOCTOR GILROY has removed his office to Tenth Street between E and F ». En contre-partie, ils ont écumé les listes de passagers de bateaux en provenance d’Irlande et d’Angleterre et n’ont rien trouvé. Rien non plus sur ses présumés frère et sœur.

Patrick Gilroy déjà marié à Québec : toute une surprise! Mais surtout, la famille Gilroy actuelle ignorait que Patrick Gilroy avait été marié à Nathalie Dorion, de Québec, le 22 janvier 1822, et qu’il existait des preuves irréfutables de ce mariage. C’est un généalogiste du nom de Léonard Dorion, qui a beaucoup creusé l’histoire des Dorion, qui leur révéla la chose. Monsieur Dorion est décédé il y a une dizaine d’années mais j’ai pu prendre connaissance de l’échange de courriels entre les Gilroy et lui, surtout de celui du 15 septembre 2003 où Léonard Dorion leur révèle la date et le lieu de ladite cérémonie, à Québec, selon le rite protestant. Toute une surprise pour eux!

C’est cette découverte qui les incita à fouiller afin de trouver des preuves du mariage de Patrick Gilroy et d’Henrietta Doyle: ils n’en trouvèrent aucune. Ils considèrent aujourd’hui que ce second mariage n’eut sans doute jamais lieu. D’ailleurs dans un acte notarié de 1846, Patrick Gilroy décrit les enfants qu’il a eus avec sa conjointe comme « illégitimes ». Comment aurait-il pu contracter un mariage avec une deuxième femme, s’il était encore marié à Nathalie Dorion?

La saga du Daily National Intelligencer prend un nouveau sens. L’échange acrimonieux entre Nathalie Dorion et Patrick Gilroy qu’ils mirent au jour prit alors une autre signification (voir chapitre 131 La saga Dorion-Gilroy). Oui, Nathalie Dorion, aussi agitée fût-elle, disait vrai quand elle prétendait que Patrick Gilroy était son mari. Et, par voie de conséquence, les dénégations de celui-ci n’étaient que la confirmation d’un trait de sa personnalité: cet homme était dissimulateur, voire menteur. Et il fuyait une situation quand celle-ci tournait à son désavantage.

Patrick Gilroy, conscrit parmi les troupes de l’Union à Washington? Ses descendants ont voulu comprendre pourquoi Patrick Gilroy était décédé à Washington, dans un hôpital dédié au traitement des maladies chroniques. Ils se sont demandé s’il n’aurait pas été conscrit pour soigner les blessés des troupes de l’Union (favorables à Lincoln), ce qui expliquerait sa mort loin de ses proches, à Washington. Or son nom ne figure dans aucun des registres des cimetières militaires de la région. Et on n’a jamais retrouvé sa tombe. Ils en sont venus à se demander s’il n’avait pas fui Nanjemoy et sa conjointe afin de rejoindre une femme à Washington. Le nébuleux docteur Gilroy prend progressivement sa vraie couleur : celle d’un personnage sombre et insaisissable.

Un fils légitime, en prime : Patrick Gilroy junior! De même, ils ignoraient que Nathalie Dorion et le docteur Gilroy avaient eu un fils, John-Patrick, né à Québec le 27 novembre 1822. Léonard Dorion, le généalogiste, l’ignorait également. C’est moi qui le leur ai appris.

C’est en compulsant laborieusement le manuscrit du registre des inscriptions au Petit séminaire de Québec à la recherche de jeunes hommes des familles Dorion, Gosselin et Bédard, que je suis tombée par hasard sur une inscription portant la mention : « Patrick, le fils du docteur Gilroy ».

Ma surprise fut, littéralement, colossale! Je considérais cette note manuscrite, minutieusement consignée au sujet de la « classe lancastarienne », c’est-à-dire celle où l’enseignement se donnait surtout en anglais, afin d’accommoder cette portion de la clientèle qui était anglophone de souche, et pas nécessairement catholique. John Gilroy porte le numéro 246. Le métier de son père : médecin. On indique qu’il est entré après le premier avril 1833. 

Puis, c’est à coup de « parties de pêche » dans les registres informatisés des naissances anglicanes à Québec, que je suis finalement parvenue à trouver la preuve légale que Nathalie Dorion et le docteur Gilroy avaient eu un fils.

Une rencontre qui n’eut jamais lieu. Je me suis demandé pourquoi Nathalie Dorion n’avait pas fait allusion au fait, lors de sa querelle publique avec le docteur Gilroy, qu’elle avait eu un fils avec celui-ci. Comme fait probant, on ne trouverait pas mieux, non? Se pourrait-il qu’il n’ait pas été le père biologique de l’enfant? Un scénario qui pourrait expliquer la fuite du docteur Gilroy et les propos très négatifs qu’il tint à l’égard de son épouse québécoise.

Une chose est à peu près sûre : le père et le fils ne se rencontrèrent jamais. Et pourtant, en 1861, Patrick Gilroy fils, installé aux États-Unis depuis plusieurs années, avait pris racine à Wilkinson, en Arkansas, situé au nord de l’État du Mississippi. Marié, déjà père de trois enfants, il deviendra coroner de cette localité dans les années 1870. Si près l’un de l’autre et en même temps si éloignés…

Consultez l’arbre généalogique des Dorion
Consultez le tableau des descendants de Pierre Dorion et de Jane Clarke
134 - Un deuxième mari pour Nathalie Dorion

Recherche
Merci de faire connaître ce site