Julie, Marie-Anne et Nathalie Dorion, of course… (3 de 4)
Marie-Anne Dorion était la plus jeune des trois filles du couple Dorion-Clarke. Comme sa sœur, Julie, elle épousera un anglophone, dont les racines britanniques n’étaient pas lointaines. Contrairement à Julie, cependant, elle ne quittera pas Québec et unira sa destinée à un homme stable et estimé de tous : Thomas Cary fils, dont nous avons déjà parlé. (Voir chapitre 125, Thomas Cary une deuxième génération d’imprimeurs).
Naissance de Marie-Anne Dorion à Québec, en 1799, et baptême catholique. Marie-Anne était née le 15 novembre 1799 et fut baptisée le lendemain selon le rite catholique dans la paroisse Notre-Dame-de-Québec. Son parrain sera Jean-Baptiste Dorion, son oncle paternel et frère de Pierre Dorion. Sa marraine? La dame aux latrines, sœur de Pierre et de Jean-Baptiste Dorion, dont nous avons abondamment décrit la personnalité (Voir chapitre 110, Marie-Anne Dorion, un sacré caractère).
Comme ce sera le cas pour ses sœurs, Julie et Nathalie, on ignore par qui Marie-Anne fut élevée suite à l’internement de son père puis au décès de celui-ci en 1810. Mais les oncles et les tantes du côté paternel semblent toujours présents, d’une manière ou d’une autre, dans la vie des enfants du couple Dorion-Clarke. On vit rue Buade, Côte de la Montagne ou Côte de la Fabrique… un vrai clan, quoi.
Marie-Anne Dorion épouse Thomas Cary… Marie-Anne épouse, le 27 décembre 1817, Thomas Cary fils, imprimeur et directeur du journal Quebec Mercury. Ce Thomas Cary fils, ne reniera pas ses racines Tory non plus que l’héritage moral légué par son propre père, Thomas Cary père, dont nous avons parlé au chapitre 124. Mais les attitudes qu’il adoptera seront nettement plus nuancées que celles de ce dernier. Citoyen exemplaire, impliqué au plan social et respecté autant par les francophones que par les anglophones, l’homme deviendra un imprimeur renommé. La jeune fille a à peine dix-huit ans. Son nouvel époux, trente ans. Il s’agit pour elle d’un mariage avec un notable de l’establishment britannique de Québec.
… selon le rite anglican. La cérémonie se déroule à la cathédrale Holy Trinity, selon le rite anglican. Le texte de la cérémonie, extrait du registre, est concis à l’extrême, comme il est de tradition chez les protestants. Remarquons simplement que Marie-Anne se prénomme désormais « Mary-Ann » et que c’est ainsi qu’elle appose sa signature au bas du document.
Où le jeune couple habite-t-il? Rue Buade, au numéro 2, pas très loin de tante Marie-Anne qui vit, elle, au numéro 23 en compagnie de Jacques, son neveu, et de Julie, sœur cadette de Marie-Anne, qui épousera le docteur Bernard Murray, en 1828 (Source : Recensement paroissial de 1818).
Plusieurs enfants décèdent en bas âge. Le couple aura de nombreux enfants dont plusieurs décéderont à la naissance ou en bas âge:
– Joseph-Henry (21 novembre 1818-26 février 1821);
– Marie-Geneviève (28 décembre 1819 – destin inconnu)
– Marie-Anne-Émilie (31 mai 1821-14 avril 1822);
– Julie -Élizabeth -Cliauluth (29 septembre 1822- 11 juin 1823);
– Mary-Ann-AdelaÏde (17 novembre 1823-5 décembre 1824);
– Claire-Nathalie (21 mars 1826- destin inconnu);
– Alfred-Joseph (20 mai 1830-22 janvier 1831).
Ceux qui passeront le cap de la petite enfance seront :
– Mary-Jane (27 décembre 1819-27 janvier 1893);
– Mathilde-Julia (22 février 1825-30 octobre 1912);
– Georges-Thomas (23 avril 1829-9 septembre 1897).
Quelle religion pour la famille et pour les enfants: anglicane ou catholique? Que se passait-il quand une francophone, catholique de surcroît, épousait un anglophone, anglican? Les enfants de sexe féminin allaient être baptisés selon le rite catholique, comme leur mère, et ceux de sexe masculin le seraient selon le rite anglican, comme leur père. C’est ce qui se passa pour les enfants du couple.
Mais encore? Allait-on assister en famille à l’office anglican puis à l’office catholique, chaque dimanche? Ou chacun prenait-il la direction de l’église dont il se réclamait? On sait que Thomas Cary était un anglican convaincu, membre du comité central de la Church Society du diocèse de Québec… et, en même temps, marguillier de la cathédrale de Québec! Sans doute son épouse et lui trouvèrent-ils des avenues de compromis, ne serait-ce que pour rendre les choses moins confondantes pour les enfants! C’était une chose d’honorer les racines religieuses différentes dont provenaient Thomas Cary, né et baptisé anglican, et son épouse, née et baptisée catholique… C’en était une autre de fonctionner comme cellule familiale.
Le mélange des genres se poursuit… Les choix matrimoniaux des trois enfants du couple qui arriveront à l’âge adulte refléteront bien l’hétérogénéité de la famille dont ils sont issus. On y observe tous les cas de figure :
Force est d’admettre que les membres de cette famille élargie évoluaient ainsi dans un univers qui, quoique limité à la petite société de Québec, n’était certes ni coincé ni monolithique.
Mary-Ann Dorion-Cary meurt du choléra. Mary-Ann meurt, le 22 août 1832, victime de l’effroyable épidémie de choléra asiatique qui sévit alors à Québec et qui fera, pour la seule année 1832, 3451 morts. On en connaîtra davantage sur le sujet en consultant le blogue de Vicky Lapointe intitulé Patrimoine, Histoire et multimédia. (https://tolkien2008.wordpress.com/2010/08/25/lepidemie-de-cholera-de-lete-1832-a-quebec/) Mary-Ann est inhumée le même jour au cimetière Saint-Louis, donc dans le cimetière catholique. Elle laisse trois enfants, dont le plus jeune, George-Thomas, dont on a abondamment parlé au chapitre 126, qui n’a que trois ans.
Thomas Cary et la famille Dorion conserveront des liens étroits au cours des décennies qui suivront.
Il se remarie le 25 avril 1835, à la cathédrale Holy Trinity et selon le rite anglican, avec Eliza Heath Ellen, elle-même veuve de Josias Würtele qui habitait avec son défunt mari la rue Buade! Elle est la tante de Frédérick Christian Würtele, photographe-amateur de grand talent, qui a immortalisé l’extrémité de cette rue avant qu’elle ne soit démolie (voir chapitre 111 Où était située la maison de Marie-Anne Dorion?). Tout cela est tricoté bien serré, dans cette petite société cultivée de Québec où tous se connaissaient et se fréquentaient.
Des liens étroits. J’ai constaté, en consultant le contenu des registres de baptêmes des enfants du couple Cary-Dorion, que Mary-Ann Dorion entretenait des liens étroits avec sa famille immédiate, les Dorion, qui sont immanquablement cités comme parrains et marraines des enfants du couple. Elle sera ainsi proche de son frère Peter, de sa sœur Julie et surtout de sa sœur Nathalie.
Nathalie Dorion, en effet, agira comme marraine des enfants du couple à deux reprises : pour Marie-Anne-Émilie et Claire Nathalie Cary. Dans ce dernier cas, la marraine, Nathalie Dorion, encore mariée à son premier mari, Patrick Gilroy, appose sa signature au bas du registre de baptême de sa nièce. Retenons-la, cette signature… car au cours des années qui suivront, elle apparaîtra sur de nombreux documents légaux et juridiques, qui témoigneront du caractère trempé et combatif de mon arrière-arrière- grand-mère!
Consultez l’arbre généalogique des Dorion
Consultez le tableau des descendants de Pierre Dorion et de Jane Clarke