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116 – François Dorion poursuit la tradition…

11600aUne quatrième génération de bouchers chez les Dorion. François, l’aîné des garçons du couple Dorion-Clarke, naît sept mois après le mariage de ses parents, soit le 6 décembre 1794, et sera baptisé le lendemain. Son parrain est son oncle paternel, Joseph Dorion, et sa marraine, sa tante paternelle, Nathalie Dorion. On peut en déduire que le nouveau couple était accepté au sein du clan Dorion. Le jeune François étudiera au Petit Séminaire de Québec. Il reprendra le métier de maître-boucher comme son père. Il s’agit de la quatrième génération de bouchers chez ces Dorion dont je suis issue : de Jean-Marie à François, à Pierre et encore à François. Et, comme on le verra plus loin, la tradition se poursuivra pendant encore quelques générations.

De qui François Dorion apprit-il son métier puisque son père était interné depuis 1804? Sans doute de son oncle, Jean-Baptiste Dorion, lui aussi boucher de son métier. Mais il ne s’agit là que d’une hypothèse, difficilement vérifiable.

Boucher du Petit-Séminaire comme son grand-père François. François sera, comme son père et surtout son grand-père François avant lui, le boucher 11600cdu Petit Séminaire. J’ai retrouvé de multiples factures, remontant aux années 1830 à 1838, qui montrent bien que les livraisons à l’institution se faisaient sur une base quasi quotidienne, ce qui constituait vraisemblablement une source de revenus assurée.

François épouse Magdelaine Albreck, d’origine saxonne et protestante. Le 27 août 1816, alors qu’il n’a que vingt-deux ans, François, épouse Magdelaine, ou Madeleine, Albreck de Québec, à l’église catholique. Elle est la fille mineure de feu Guillaume Albreck et de Marie-Anne Lafontaine, un couple dont je n’ai pu retracer l’acte de mariage. François Dorion s’installe chez sa belle-mère avec sa jeune épouse, rue d’Aiguillon, comme le démontre le recensement paroissial de 1818.

Magdelaine a deux sœurs, Marie et Marguerite. Cette dernière, née en 1794, épousera Louis Devarennes dit Désormeaux le 11 février 1817, qui exerce lui aussi le métier de boucher.

Les Albreck : de confession anglicane. Il ne semble pas que Guillaume Albreck, le père de la mariée, soit né ici. Il était anglican et dans le registre d’état civil où sont consignés les détails de ses funérailles, célébrées le 12 décembre 1814 selon le rite protestant, on le prénomme « William » et le métier qu’on lui attribue est celui de « bar tender ». Fait intéressant à noter : parmi les signataires de l’acte d’inhumation, on relève le nom de Würtele : il s’agit soit de Jonathan Würtele, soit de son frère Josias. Les deux étaient les grands-oncles de Frédérick-Christian Würtele, l’auteur de la photo de la «  maison à l’éléphant » (Chapitre 111- Où était située la maison de Marie-Anne Dorion?).

11600dLe patronyme Albreck est d’origine saxonne et signifie « All bright ». Il est extrêmement rare à Québec. Mais on en retrouve des variantes dans les registres de l’état civil d’alors: Albright et même Alboeuf. Je suis ainsi tombée sur un acte de vente passé devant le notaire Panet, le 15 avril 1837, touchant un cultivateur du nom d’Alboeuf dit Boutet. Il semblerait de plus que le patronyme « Albert », aujourd’hui courant, soit une version simplifiée de : Albreck.

Plusieurs enfants, dont la plupart décèdent au berceau. Le couple Dorion-Albreck produira plusieurs enfants, dont quatre filles qui mourront en très bas âge : Marie-Anne, décédée le 22 août 1817 (à deux mois); Caroline, décédée le 29 avril 1823 (à 3 ans et 3 mois); Eléonore, décédée le 9 janvier 1825 (à 2 ans et 8 mois) et finalement Suzanne-Mélina décédée le 4 juillet 1832 (13 mois). Trois filles passeront le cap de la petite enfance : Anna, née le 12 juillet 1833, Cordélia, née le 27 novembre 1835, et enfin Euphémie, dont je n’ai pu retracer l’acte de naissance mais qui a survécu puisqu’on sait qu’elle prit mari.

Deux garçons naîtront également : François-Georges, né le 31 octobre 1823 et baptisé le lendemain, et François-Pierre, né le 13 mai 1826, qui deviendra boucher.

Déménagement rue du Roi, dans le quartier Saint-Roch. En 1829, François Dorion rachète d’un dénommé Georges Heron, maître-boucher, et de sa femme, dénommée Scott, sans doute des anglophones, un fonds de commerce situé au 5 de la rue du Roi. L’emplacement est délimité, d’un côté, par la ligne de propriété d’un certain Joseph Vézina, et de l’autre, par celle d’un dénommé Olivier Beaulieu.

Reconnaissances de dettes et dégringolade financière. Les années passent et il ne semble pas que les affaires du couple Dorion-Albreck soient florissantes. Ils sont endettés, comme en font foi plusieurs billets qu’ils ont signés devant notaire mais n’arrivent pas à honorer. À l’époque les banques n’étaient pas autorisées à consentir des prêts. La seule façon d’obtenir un prêt était de trouver un bailleur de fonds et de signer un papier devant notaire. Or un tel billet pouvait être revendu à un autre créancier. Et si on était incapable de rembourser ledit billet dans les délais prévus, on s’exposait à de sérieuses représailles. C’est ce qui semble être arrivé avec le couple qui, bien que marié en séparation de biens, signait solidairement les reconnaissances de dettes. Le 13 mai 1839, Magdelaine Albreck signe ainsi devant le notaire Panet une reconnaissance de dettes à l’égard d’un dénommé Pierre Martineau, pour la somme, assez peu élevée, de 9 livres. Ce qui est intéressant c’est qu’elle y indique que son domicile permanent est de nouveau rue d’Aiguillon. Pourquoi en est-il ainsi? Mystère.

Endettés auprès de la Société Bienveillante de Québec. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, la Société Bienveillante de Québec était une organisation qui consentait des prêts à de petits commerçants et non un organisme de charité. François Dorion et un dénommé Benoni Miller y avaient contracté un emprunt solidaire de 300 louis, qu’ils ne pourront honorer. En avril 1841, c’est Peter Dorion, le frère de François Dorion, un marchand très à l’aise que nous présenterons au chapitre 118, qui prendra à sa charge cette dette.

On se rappellera que mon grand-père paternel, Joseph-Arthur Bédard, avait été lui aussi sauvé du désastre financier par son frère, Joseph-François. Voilà sans doute deux exemples de jusqu’où à cette époque pouvait s’étendre la solidarité familiale (voir chapitre 85 Joseph-Arthur Bédard, cigale ou escroc?). François Dorion et mon grand-père auront eu de la chance!

11602Peter Dorion devient le créancier du couple Dorion-Albreck. Puis, un an plus tard, en août 1842, François Dorion se verra contraint d’hypothéquer les propriétés qu’il possède conjointement avec sa femme, rue du Roi et rue Richard dans le quartier Saint-Roch, comme garantie pour une dette de plusieurs centaines de livres. Là encore c’est son frère, Peter, qui les prend à sa charge. Dans un cas comme dans l’autre, Peter Dorion fait dûment consigner par son notaire, Alexandre-Benjamin Sirois, les reconnaissances de dette de son frère à son égard. Il est bien précisé que Magdelaine Albreck-Dorion est solidaire des dettes de son mari. Elle appose sa signature au bas dudit acte, d’une écriture maladroite et laborieuse, qui semble refléter le fait qu’elle était peu éduquée.

Après 1842, il n’est plus fait mention du couple Dorion-Albreck à Québec. Et pour cause : François Dorion et sa femme ont quitté la ville et se sont installés à Trois-Rivières. Ils y ont rejoint leur fils cadet, François-Pierre qui y exerce, comme par hasard, le métier de boucher! Mais encore?

Consultez l’arbre généalogique des Dorion
Consultez le tableau des descendants de Pierre Dorion et de Jane Clarke
117 - François Dorion et ses descendants, la fin d'une tradition

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