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108 – Les Dorion, bouchers du Petit Séminaire

Les enfants de François Dorion et de Nathalie Trudel. Mon ancêtre, François Dorion, et sa femme auront, sans que cela nous étonne, plusieurs enfants, parmi lesquels :

  1. François-Xavier, né le 12 août 1763 et décédé le 19 mars 1799; métier inconnu;
  2. Marie-Nathalie, née le premier décembre 1767 et décédée le 16 mars 1800;
  3. Paul, dont je n’ai pu retrouver la date exacte de la naissance, estimée à 1765, et qui deviendra un négociant prospère. Célibataire, il décédera le 20 novembre 1811 et sera enterré au Cimetière des Picotés, qui était situé entre la rue Couillard et la rue des Remparts, et remontait au régime français.
  4. Marie-Anne, née le 17 août 1768, elle aussi célibataire, femme d’affaires, et qui décédera le 7 décembre 1823;
  5. Marie-Angélique, née le 18 mai 1775, marchande publique, mariée à Étienne Gauvin, et qui décédera en 1834;
  6. Nicolas, né le 10 août 1764 et qui émigrera à Portland, dans le Massachussetts après avoir été d’abord l’associé de son frère Paul, et dont j’ignore la date de décès;
  7. Jean-Baptiste, dont je n’ai pu retracer l’acte de naissance, mais qui épousera sur le tard Marie-Louise Gobeil, le 22 avril 1805, et que l’on décrira comme « marchand »;
  8. Et, finalement, Pierre, né le 8 août 1766, qui est mon ancêtre direct, et qui décédera le 14 janvier 1810.

10801aInstallation rue Buade, à proximité de l’évêché. François Dorion et Nathalie Trudel s’installeront rue Buade, au numéro 19, en plein centre de la Haute-Ville. Ils ont fait l’acquisition d’une maison de pierre d’un sieur Pierre Lachaume, le 16 août 1777. Ils y résident encore en 1792, lors du recensement paroissial réalisé par le curé Octave Plessis.

La rue Buade, d’abord un sentier… La rue Buade fut d’abord un sentier qui, au dix-septième siècle, longeait la petite église Notre-Dame-de-Recouvrance, construite en 1633 par Champlain. En 1673, le gouverneur Frontenac, sieur de Buade, fit tracer une rue sur l’ancien sentier, car cette artère, bien que peu longue, était très favorablement située, et servait de voie de transit entre la Basse et la Haute-Ville. La vue en plongée que l’on y avait du fleuve St-Laurent était déjà imprenable.

… qui deviendra une artère commerciale importante. La rue Buade devint rapidement une rue commerçante. Elle donnait, à son extrémité ouest, sur le collège des Jésuites aujourd’hui disparu. À l’est, elle débouchait sur la Côte de la Montagne qui serpente en descendant et débouche Place Royale, devant le fleuve et le port. On y trouvait des commerces, des deux côtés de la rue et ce, surtout jusqu’à l’érection de l’hôtel de ville de Québec.

Où faisait-on boucherie? Impossible de déterminer si le commerce était également situé rue Buade, outre leur habitation. Mais comme à l’époque les marchands vivaient généralement au-dessus de leur boutique, on peut considérer que c’était le cas. Où procédait-on à l’abattage des bêtes? On ne le sait trop.

10800Les Dorion, bouchers du Petit Séminaire… Les Dorion devaient sûrement livrer de la viande de bonne qualité puisqu’ils deviendront les bouchers du Petit Séminaire et ce, sur au moins deux générations. J’ai en effet retrouvé par hasard, dans les archives de cette institution, plusieurs originaux des factures et des quittances pour livraison de viande, rédigées par Pierre Dorion puis des années plus tard par son fils François, et qui portent leur signature. Ils savaient donc lire, écrire et compter!

De la chair autour de l’os … J’ai ressenti une émotion certaine à parcourir ces documents et à déchiffrer l’écriture de mes ancêtres. Et je ne peux que rendre hommage à la méticulosité dont faisaient preuve les économes chargés de tenir les livres de comptes au Petit Séminaire! C’est grâce à eux si j’ai pu ainsi vérifier, preuve à l’appui, l’occupation d’une partie importante de ma famille, à l’époque, au-delà des mentions sibyllines relevées dans les registres de mariages et de décès. Un quart de bœuf livré, de la couenne de porc, voilà du concret!

De bouchers à marchands. Alors que le nom des Chapeau, bouchers, disparaît après quelques générations, celui des Dorion se maintient. Plusieurs actes notariés attestent qu’ils feront l’acquisition de maisons en Haute-Ville et en Basse-Ville. Ils consolident leur situation par des transactions immobilières bien avisées. Outre la rue Buade, on trouve leur nom mentionné dans les recensements paroissiaux comme habitant la rue Sainte-Geneviève, la rue Saint-Jean et la Côte de la Montagne.

Du métier de bouchers ils migrent lentement vers celui de marchands. Ils importent puis vendent des marchandises sèches. Dans le recensement paroissial de 1792 puis dans celui de 1805 deux des fils de François Dorion et de Nathalie Trudel, Paul et Nicolas Dorion, s’identifient comme « marchands » et déclarent habiter respectivement les numéros 22 et 24 de la Côte de la Montagne.

Bref, les Dorion gravissent progressivement les échelons de la petite bourgeoisie marchande de Québec, sous le régime français puis sous le régime anglais. Le fait qu’ils habitent à deux pas du Petit Séminaire et des Ursulines rend sûrement l’accès à l’éducation pour les enfants plus aisé.

Le contraste entre les familles Bédard et Gosselin, traditionnelles à l’extrême, vivant d’agriculture pendant des générations et non de négoce, ira en s’accentuant. On sera à même de le constater en suivant les péripéties de la vie de quelques-unes des femmes du clan Dorion, dans les prochains chapitres.

Réf. : Pour vous y retrouver avec la famille Dorion, consultez l’arbre généalogique des Dorion
109 - Une ascension professionnelle à une époque trouble

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