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106 – Trois fils de Pierre Dorion accèdent au métier de boucher

Deux filles Chapeau épousent deux fils Dorion. Trois des fils de Pierre Dorion accéderont au métier de boucher. Il s’agit de Jean-Claude, de Jean-Marie et de Pierre.

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Celui qui leur facilita l’accès à la profession était Jean-Baptiste Chappau ou Chapeau, boucher de son métier. En effet, deux des filles de celui-ci avaient épousé deux des fils Dorion. Geneviève Chapeau avait épousé Pierre Dorion fils, le 23 octobre 1713, alors que sa sœur, Madeleine Chapeau, avait quant à elle marié Jean-Claude Dorion, le 30 septembre 1718. Un troisième fils Dorion, Jean-Marie, qui avait épousé Thérèse LeNormand, le 19 février 1730, accédera également au métier de boucher. Ce phénomène d’endogamie professionnelle, que les spécialistes désignent sous le terme de « renchaînement d’alliances », n’avait rien d’exceptionnel à l’époque. Il favorisait la consolidation des actifs au sein d’une même famille ainsi que l’entraide.

Une petite gêne entre frères? Mais qu’advenait-il en cas de conflit? On aurait aimé savoir ce qu’il en fut de la solidarité familiale lors de la saga Marie-des-Anges Dorion. On se rappellera que Jean-Claude Dorion s’était porté à la défense de sa sœur consanguine, Marie-des-Anges, en décembre 1729, auprès de la Cour de la Prévôté de Québec, en réclamant pour elle la part d’héritage léguée à Jean-Marie Dorion, son frère, par Pierre Dorionne. Cette démarche en justice   provoqua-t-elle des remous dans le clan? Après tout, ce qui fut attribué rétroactivement à Marie-des-Anges dut être retiré à Jean-Marie (Voir Chapitre 104 Mais Pierre Dorion avait-il été marié une première fois?). Qui plus est : le père Chapeau est celui-là même chez qui Marie-des-Anges Dorion affirmera habiter lorsqu’elle cédera ses biens à son demi-frère, Jean-Marie Dorion quelques semaines avant de décéder! (Voir Chapitre 105 Qui était Marie-des-Anges Dorion?)

Qui était Jean-Baptiste Chapeau? Jean-Baptiste Chapeau était né à Québec, en 1665.Son père, Pierre Chapeau, était natif de Sainte-Soulle, à 12 kilomètres de La Rochelle. Il était arrivé en Nouvelle-France comme engagé en 1648 et son métier déclaré était celui de tisserand en toile. Il épousait à Sillery Madeleine Duval, le 25 juin 1657. Ils auront six enfants, dont Jean-Baptiste. Jean-Baptiste Chapeau épousera quant à lui Madeleine Gauthier, le 6 février 1689, à Québec. Le couple aura six enfants, dont Madeleine et Geneviève.

10601aJean Chapeau, boucher de son métier. Comment Jean-Baptiste Chapeau accéda-t-il au métier de boucher? On l’ignore. Mais c’est l’attribut qui lui sera accolé et servira à le désigner au plan professionnel, comme cela se faisait à l’époque, dans divers actes notariés le concernant ou dans les ordonnances relatives à la pratique de la boucherie à Québec.

Il se retrouvera à quelques reprises devant la justice pour régler des litiges relatifs essentiellement à des propriétés qui lui appartiennent ou que lui réclament les héritiers de sa défunte épouse, Angélique Paquet. Il y est toujours désigné comme « boucher ». À titre d’exemple, une propriété rue Champlain lui appartenant est vendue aux enchères en 1754 sur ordre des autorités. Le produit de la vente est versé au frère de sa défunte épouse.

L’année exacte de sa mort n’est pas confirmée hors de tout doute. Il serait décédé à l’Hôpital Général de Québec en 1743, quelques semaines après Marie-des-Anges Dorion, à l’âge vénérable de presque quatre-vingt ans. Mais d’autres sources établissent sa mort plutôt à 1754, ce qui serait plausible. Je n’ai pu retracer l’année du décès de sa première épouse, Madeleine Gauthier, non plus que celui d’Angélique Paquet.

Une profession fortement réglementée. La pratique de la boucherie en Nouvelle-France était fortement réglementée. Les autorités procédaient par voie d’ordonnances, émises par l’intendant, pour gérer et contrôler l’offre de viande qui allait être mise en vente à l’intention de la population. L’objectif était de ne pas priver celle-ci d’un bien considéré comme de première nécessité. J’ai pu constater, en prenant connaissance de la brochette d’ordonnances émises au cours des années et qui sont accessibles sur Pistard (Bibliothèque et Archives nationales du Québec), combien celles-ci étaient fréquentes et contraignantes.

Des balises strictes. Une ordonnance émise le 25 janvier 1745 fournit un exemple intéressant des balises strictes entourant ce commerce. Le texte fait quatre pages. Il est dense et précis. Les critères qui s’appliquent et les conditions à respecter sont tels qu’on est en droit de se demander si les autorités faisaient confiance aux bouchers! Et la dénonciation n’était jamais loin!

La déclinaison des contraintes est éloquente :

  • a) Produire suffisamment de viande de boucherie et veiller à ce qu’il y en ait toujours de disponible sur les étals;
    b) La viande devra être « bonne, loyale »;
    c) Le prix en est fixe : 4 soles la livre;
    d) Interdiction de procéder à la salaison de la viande de bœuf, sauf pour l’approvisionnement des navires;
    e) Le défaut d’offrir de la viande en quantité suffisante pour répondre à la demande sera passible d’amendes sévères, soit 25 livres pour la première infraction et de 50 pour la deuxième;
    f) Si les prix affichés et chargés sont incorrects et ne respectent pas le montant fixé par le règlement, une amende de 15 livres sera imposée aux contrevenants, amende qui sera multipliée en deux en cas de récidive;
    g) Fait intéressant à noter : la moitié du montant de l’amende imposée ira au dénonciateur, l’autre moitié à l’Hôpital Général de Québec;
    h) Tout boucher qui désire se désengager de son mandat devra fournir un avis préalable de six mois aux autorités;
    i) Un tel désengagement est irréversible : ledit boucher ne pourra plus dorénavant proposer ses services.

L’intendant Hocquart y désigne les douze bouchers, dont Jean-Baptiste Chapeau, qui, pour une période d’un an, auront le droit de vendre de la viande sur les marchés publics. Le nom de Pierre Dorion fils y apparaît également. Ouf!

En conséquence, n’accédait pas automatiquement au métier de boucher qui le voulait. Il fallait avoir préalablement obtenu l’aval des autorités et une accréditation en bonne et due forme pour l’exercer.

Réf. : Pour vous y retrouver avec la famille Dorion, consultez l’arbre généalogique des Dorion
107 - Une deuxième génération « copiée / collée » chez les Dorion

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