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104 – Mais Pierre Dorion aurait-il été marié une première fois?

10400aUn premier mariage et une enfant née de cette union. Se pourrait-il que Pierre Dorion ait été marié avant son union avec Jeanne Hédouin et qu’il ait eu un enfant de cette première relation? Cela semble avoir été le cas. La révélation, dûment consignée, émane d’un des fils du couple Dorion/Hédouin. En effet, le 5 décembre 1729, Claude Dorion dépose une requête assermentée devant la Cour de Prévôté de Québec afin que sa demi-sœur consanguine, Marie-des-Anges, touche la part d’héritage qui lui revient. La filiation qu’établit Claude Dorion est on ne peut plus claire : « Claude Dorion, prenant fait et cause pour sa sœur consanguine Marie-des-Anges (Marie-Angélique Dorion), née du premier mariage de feu Pierre Dorion avec Marie Egron, afin que la seconde femme et veuve de feu Pierre Dorion, Jeanne Hédouin, qui a fait une donation à son fils, Jean-Marie Dorion, remette à ladite Marie-des-Anges, qui se trouve dans la gêne et la misère, la part qui lui revient dans l’héritage de feu Pierre Dorion »

Dans sa déposition, dont j’ai parcouru l’original, le demandeur décrit sa demi-sœur comme « chétive et pitoyable », ce qui n’est pas peu dire! Pierre Dorion était décédé en 1724, mais Jeanne Hédouin, elle, était vivante. Qui était Marie-des-Anges? Mais d’abord : qui était sa mère?

Marie Egron, ou Aigron, première femme de Pierre Dorion. On en connaît fort peu sur Marie Egron, que Claude Dorion identifie dans sa requête comme la mère de Marie-des-Anges Dorion. Sinon qu’elle était née à Québec le 21 février 1670. On en sait davantage sur ses parents. Sa mère, Marie-Magdeleine Doucet, était une fille du Roy, arrivée en Nouvelle-France en 1662 à l’âge de 21 ans. Le 18 janvier 1663 Marie-Magdeleine Doucet épousait à Québec Pierre Aigron ou Egron dit Lamothe, né à La Rochelle le premier novembre 1630, et arrivé comme matelot en 1660 puis promu maître de barques.

Pierre Egron était connu pour ses frasques, ses dettes impayées et son mauvais caractère. Il sera excommunié par Mgr de Laval, le 18 avril 1661, pour avoir vendu de façon répétée de l’alcool aux Sauvages. Il dut faire amende honorable et se soumettre à la pénitence publique le dimanche suivant (Mandements des évêques de Québec I, BRH, XVIII, 1912). Une façon comme une autre de passer à l’histoire! Il quittera finalement Québec avec sa femme et leurs cinq enfants, dont Marie, en 1680, et s’installera à Percé. À l’époque, ce territoire de la Nouvelle-France était fort peu développé. 

Marie Egron a donc selon toute probabilité été élevée en Gaspésie. C’est là que Pierre Dorion aurait fait sa connaissance, dès son arrivée en Nouvelle-France.

Un détour par la Gaspésie. Certains relevés généalogiques portant sur les Dorion indiquent que Pierre Dorion aurait vécu en Gaspésie, mais en compagnie de Jeanne Hédouin, au début de leur mariage. Même Roland Auger formule cette hypothèse. Pierre Dorion y a vraisemblablement habité, de 1684 à 1688, mais pas avec sa deuxième femme. Plutôt avec sa première femme ou compagne, Marie Egron. La famille de celle-ci y résidait encore en 1688.

10401C’est cette hypothèse que formule Michel Langlois, dans son Dictionnaire biographique des ancêtres québécois (Hurtubise, 1998, précédemment cité au chapitre 101). Il indique que Pierre Dorion était veuf de Marie Egron.

Marie Egron, conjointe de Pierre Dorion et non épouse? Pierre Dorion aurait-il été effectivement marié une première fois, à Marie Egron? Si tel est le cas, on ne dispose d’aucune preuve de cette union hypothétique, qui aurait pu être contractée à Percé. Les registres de mariage de l’époque n’ont rien révélé à ce sujet. Il est fort possible qu’ils étaient été égarés, comme plusieurs actes émanant de cette région de la Nouvelle-France. Aurait-il vécu en concubinage avec Marie Egron? Impossible de l’affirmer.

Pierre Dorion, veuf ou célibataire? Autre élément confondant, qui est lié au texte rédigé lors du « deuxième » mariage de Pierre Dorion, avec Jeanne Hédouin, en 1688. Il n’y est fait aucune référence au fait que le marié était veuf, donc qu’il avait été précédemment marié. Or, il était de tradition à l’époque d’indiquer, outre le lieu de naissance des futurs époux ainsi que les noms de leurs parents, leur statut civil. Dans le cas qui nous occupe, rien n’a été inscrit par le prêtre officiant au sujet du statut du marié. Même pas le fait qu’il est célibataire. Une double omission, donc. Qui nous ramène à la case départ.

Mais, en l’absence de preuve écrite d’un premier mariage de Pierre Dorion, sa fille, née de cette première union, a quant à elle bel et bien existé. Et le fait que ce soit son demi-frère Claude qui se soit adressé la justice pour qu’elle touche sa part d’héritage démontre que son existence était connue du clan Dorion.

Réf. : Pour vous y retrouver avec la famille Dorion, consultez l’arbre généalogique des Dorion

105 - Qui était Marie-des-Anges Dorion? 

 

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