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10 – Julia et Alfred (mes grands-parents maternels)

Contre vents et marées. Mes grands parents maternels, Alfred et Julia, se marient à Black-Lake le 2 juillet 1912. C’est toujours émouvant que de déchiffrer l’écriture de ses grands-parents sur des actes de mariage et de baptême. Ils étaient si jeunes…

Les parents d’Alfred, soient Cyrille Côté et Rébecca Larochelle, sont tous deux présents au mariage mais Cyrille ne peut signer son nom. Quant à Julia, ma grand-mère, c’est son oncle paternel Alphonse Savoie qui lui sert de père, Éphraem Savoie étant décédé. Et non son beau-père, Joseph-Louis Morin. Neuf enfants naîtront de leur union, dont des jumeaux qui décéderont très jeunes. Les autres enfants seront : Gabriel, né en 1913 et qui mourra noyé en 1929, sous les yeux horrifiés de mon grand-père et de mes jeunes oncles. Puis Marcelline (1914), ma mère, Camille (1916), Cécile (1918), Gilles ( 1924), Michèle ( 1925), et Jean (1929). Plusieurs photos des enfants, bien vêtus, témoignent de la relative, et récente, aisance matérielle de mes grands-parents.

La sœur de Julia, Maria, s’est quant à elle mariée le 11 mai 1914 à Delphas Labrie, de Black-Lake. Comme son père est mort c’est Alfred, mon grand-père, qui lui sert de père, et non Joseph-Louis Morin. Je me rappelle bien de tante Maria et de Delphas. C’étaient des gens simples et chaleureux. Mais, pour autant que je m’en souvienne, assez pauvres et fort peu éduqués. L’oncle Delphas voulait toujours nous embrasser et nous prendre dans ses bras, quand j’étais enfant. Nous n’aimions vraiment pas qu’il nous approche, il nous semblait qu’il ne sentait pas bon! Ou, à tout le moins, que sa moustache piquait!

33bSuite au décès de Camille Boulanger, le 12 mars 1919, son fils Napoléon-Paul, qui est alors un jeune homme, vient habiter chez Julia, sa sœur, ma grand-mère, qui est alors l’épouse d’Alfred. Il deviendra à partir de là partie intégrante de la famille Côté. Je me souviens bien de cet « oncle » Napoléon, de quatorze ans plus âgé que ma mère. Il était de toutes les rencontres du clan Côté. C’était un blond au teint clair, au cheveu rare et qui parlait peu. Très doux et effacé. Il allait épouser Patricia Loubier, la fille d’un grand ami de mon grand-père, toujours à Black-Lake, le 30 septembre 1944. Patricia était volubile, démonstrative, aussi brune et enjouée que son mari était réservé.

Qu’advient-il de son père, Joseph-Louis Morin? Il décède à Black-Lake le 9 juillet 1927 et ne semble pas s’être remarié. Son frère, Alphonse, et son beau-fils, Delphas, sont présents à l’inhumation. Il ne semble pas avoir laissé de souvenir impérissable dans la famille.

En 1911, mon grand-père avait pris racine à Black-Lake, si l’on se fie aux données du recensement fédéral. Il déclarait avoir 21 ans et exerçer le métier de mesuisier. Peut-être travaillait-il pour Joseph-Louis Morin, si celui-ci était encore dans le décor. Mais il allait rapidement passer à autre chose. Il était peu éduqué, mais ambitieux. Et allait se tourner vers les assurances. Sans doute un choix tout indiqué pour quelqu’un qui n’avait pas d’éducation mais savait parler aux gens, dans un contexte économique favorable.

Des débuts modestes mais la volonté de réussir. Quand j’étais enfant on nous montrait une maison très modeste et minuscule dans le village, dont on disait qu’elle était la première maison dans laquelle Alfred et Julia avaient vécu comme jeunes mariés. Je l’avais prise en photo. C’était une maison de bois, rudimentaire, située au coin d’une rue et en plein milieu de la côte qui reliait les deux parties de Black-Lake, la haute et la basse. Dans l’annuaire téléphonique de Black-Lake pour 34_croples années 1914, on mentionne effectivement le nom de « J.A. Côté, agent d’assurances, 150 Saint-Georges », ce qui correspond à l’ançien nom de la rue où s’élevait la maison.

À la naissance de ma mère, le 5 juillet 1914, le jeune couple que formaient Alfred et Julia était donc installé dans ce village. Là encore mon grand-père inscrivait comme occupation sur l’acte de baptême : vendeur d’assurances. Je n’ai pu retracer les noms des compagnies d’assurances qu’il représentait. Les archives de ces institutions sont privées. Et, toujours dans l’annuaire téléphonique de Black-Lake mais aussi de Thetford pour cette époque, c’était un certain Henri Bisson qui s’annonçait comme représentant de la Metropolitan Life Insurance et qui donnait comme adresse le 155 rue Notre-Dame.

Quand exactement mon grand-père fit-il l’acquisition de la maison, sise au 135, de la rue Notre-Dame? Je n’ai pu retraçer la chaîne de titres de la maison où il allait progressivement installer tout son clan. Selon l’annuaire téléphonique de 1914, elle était occupée par Hudon et Ouellet, marchands généraux, qui se spécialisaient dans la mercerie pour hommes. Tout en administrant également une entreprise de pompes funèbres.

Il deviendra également entrepreneur et fera des affaires avec la famille Poudrier et celle de Rémi Loubier. Il achètera également des terrains, comme en fait foi un acte d’achat passé devant le notaire Léonidas Paradis et enregistré au Bureau d’enregistrement du comté, à Inverness le 29 octobre 1929, relativement à l’achat d’une terre située à proximité du lac William, pour un montant de $ 100. Quelques années plus tôt, le 18 septembre 1822, il avait conclu une transaction d’un montant de $ 600 avec un dénommé Damase Bolduc, cultivateur du Lac Noir, toujours devant le notaire Paradis. Le texte est tellement difficile à décrypter, tant les pattes de mouche du notaire sont fines, bien qu’une excellente copie de l’original ait été conservée au Centre d’archives de la région de Thetford, que je n’arrive pas à déterminer de quoi il en retournait. Retenons simplement qu’il ne faisait pas de sur place.

Que reste-t-il d’eux ? Personne, parmi les petits enfants encore vivants, ne sait qui étaient réellement nos grands-parents. Il ne nous reste que quelques trop rares photos. Comme il n’existait pas de tradition d’écriture dans la famille, non plus que dans notre société en général, on ne peut que supputer ce qu’ils furent. Ce qui, il faut l’avouer, ouvre grand la porte au danger d’interprétation et d’exagération. Comme ces gens qui, croyant à la réincarnation, se disent convaincus d’être fils de roi ou de princesse et même d’extra-terrestre!

Qu’en est-il de l’ascendance de ma mère? Je suis convaincue que mes grands-parents maternels n’étaient pas sortis de la cuisse de Jupiter. Leurs parents et grands-parents à eux, encore moins. C’étaient des fils d’agriculteurs, de forgerons. Mon grand-père, Alfred, sera de la première génération à se lancer véritablement en affaires, les assurances en ce qui le concerne. Je ne peux décrire leurs origines, leur vie, car je ne dispose même pas des dates de leurs naissances et de leurs décès.

Je peux à tout le moins témoigner de l’empreinte indélébile que laisseront Julia et Alfred, mes grands-parents maternels, sur leurs petits-enfants. C’étaient des gens sans prétention, serviables, industrieux et ingénieux. Et combien attentionnés.

11 - Les origines de mon grand-père Alfred Côté

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