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1 – Souvenirs d’enfance

Tout a commencé avec un Livre de bébé, que mon père avait acheté à l’occasion de ma naissance.

Je suis née durant l’hiver, un samedi, à l’hôpital de Thetford-Mines, ville voisine de Black-Lake, juste avant midi, par un froid sibérien comme le Québec les connaît en cette saison. On prévoyait qu’il ferait nuageux cette journée-là et que le thermomètre ne dépasserait pas les moins 12 degrés Farenheit (moins 11 degrés Centigrade), au mieux!

Ma mère, qui habitait chez ses parents, mes grands-parents maternels, avait commencé à ressentir les premières contractions la veille, en soirée. Elle avait prévenu mon père, qui travaillait à Québec. Il décida qu’il était plus prudent de laisser passer la nuit avant de prendre la route. Il arriva à temps, le lendemain matin, et fut présent à l’accouchement, qui se déroula sans difficulté. Il fallut néanmoins utiliser les forceps. Ma mère me raconta que les heures précédant l’accouchement, elle avait envoyé mes grands-parents se coucher, s’était préparé un pot de café et avait passé la nuit au salon. Quand les contractions devenaient trop incommodantes, elle se levait et faisait le tour de la table de la salle à manger, plusieurs fois, et de plus en plus vite! Elle me confia également avoir moins peur de l’accouchement que de s’asseoir sur la chaise du dentiste. Elle avait trente-trois ans, ce qui est tard pour un premier accouchement. Mais elle était en forme physiquement. C’était une grande marcheuse.

Mon père avait acheté un élégant Livre de bébé dans lequel il consignera de sa calligraphie soignée les détails relatifs à ma naissance et aux caractéristiques de ma petite personne. Tout y est noté : l’heure de ma naissance, mon poids ainsi que le nom de l’infirmière qui assista le médecin accoucheur, le docteur Brochu. La date de mon baptême, les noms de mon parrain et de ma marraine. Au fil des mois il y ajoutera d’autres éléments d’information : les dates d’apparition de mes premières dents, la nomenclature des vaccins qu’il m’administrera. Une mèche de cheveux coupée alors que j’avais six mois. Mes premiers mots : «  Tante, tante », adressés sans aucun doute possible à tante Michèle, sœur de ma mère, que j’adorais.

Mais surtout, il dressera mon arbre généalogique, dans une section du Livre de bébé prévue à cet effet. J’y retrouve les noms de mes parents, de mes grands-parents maternels et paternels, ainsi que de mes arrières grands-parents. Le message qui s’en dégage est simple : « Voici qui tu es. Voici d’où tu viens. À toi d’en tirer le meilleur. »

Tout a commencé avec cet arbre. Je voudrai découvrir qui étaient ces ancêtres. Quelle avait été leur vie. Et, qui sait, ce qui subsiste d’eux en moi. J’y repérerai le nom de Mary-Ann O’Neill, une de mes arrière grand-mères, dont j’entendrai souvent parler dans mon enfance mais toujours à demi-mots à coups d’allusions furtives. La curiosité aidant, c’est le désir d’en savoir davantage sur elle, et sur la constellation de noms inconnus qui gravitaient dans son sillage, qui me mettra en mouvement.

2 - Chez mon grand père maternel

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